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DE LA PANGENÈSE.

ration fissipare, la réparation des lésions, la conservation de chaque partie dans son état propre, et l’accroissement ou développement progressif de l’ensemble de l’embryon, sont tous essentiellement les résultats de l’action d’une seule et même force.

Génération sexuelle. — L’union des deux éléments sexuels semble d’abord motiver une profonde distinction entre les reproductions sexuelle et asexuelle. Mais les cas bien authentiques de parthénogenèse prouvent qu’il n’y a pas réellement une distinction aussi grande qu’elle peut le paraître d’abord ; car il arrive parfois, et même fréquemment, que des ovules peuvent se développer et devenir des êtres complets, sans le concours de l’élément mâle. J. Müller et d’autres admettent que les ovules et les bourgeons sont essentiellement de même nature, et dans le cas des Daphnies, Sir J. Lubbock a montré le premier que les ovules et les pseudovules ont une structure identique. Certains corps qui, pendant les premières périodes de leur développement, ne peuvent être, par aucun caractère externe, distingués de vrais ovules, doivent néanmoins être considérés comme des bourgeons, car quoique formés dans l’ovaire, ils sont incapables d’être fécondés. C’est le cas des germes sphériques des larves de Cécidomyides, décrits par Leuckart[1]. Les ovules ainsi que l’élément mâle, avant qu’ils soient réunis, et comme les bourgeons, ont une existence indépendante[2]. Tous deux peuvent transmettre les caractères propres de la forme parente. C’est ce que nous montre avec évidence l’appariage inter se d’hybrides, car les caractères de l’un ou l’autre grand-parent reparaissent souvent, soit en entier, soit par fractions, dans les produits. C’est une erreur de croire que les mâles transmettent certains caractères, et les femelles d’autres, bien qu’ensuite de causes inconnues, il n’est pas douteux que l’un des sexes n’ait quelquefois une puissance de transmission plus forte que l’autre.

Quelques auteurs ont soutenu que le bourgeon diffère essentiellement d’un germe fécondé, par le fait qu’il reproduit

  1. Sur la reproduction asexuelle de larves de Cecidomyides, trad. dans Ann. and Mag. Nat. History, mars 1866. p. 161, 171.
  2. Quatrefages, Ann. des sc. nat., 3e série, 1850, p. 138, pour quelques remarques sur ce point.