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LOIS DE LA VARIATION.

y a trois espèces africaines du genre qui sont fortement rayées, et comme nous avons vu que le croisement des espèces non rayées, donne des hybrides qui le sont souvent d’une manière très-marquée, — en nous rappelant aussi que le croisement détermine très-certainement une réapparition de caractères dès longtemps perdus, — l’opinion la plus probable est bien celle que les raies en question sont le fait d’un retour, non au cheval sauvage, l’ancêtre immédiat, mais à l’ancêtre rayé, le point de départ et le progéniteur du genre entier.


J’ai discuté un peu longuement le sujet de la variation analogique, d’abord parce que dans un ouvrage futur sur les espèces naturelles, je montrerai que les variétés d’une même espèce imitent fréquemment des espèces distinctes, — fait analogue à ceux dont nous venons de nous occuper et qui n’est explicable que par la théorie de la descendance. Ensuite, parce que ces faits ont une haute importance, en ce qu’ils montrent, comme je l’ai fait précédemment remarquer, que chaque variation insignifiante est régie par des lois, et est provoquée bien plus par la nature de l’organisation elle-même que par celle des conditions extérieures auxquelles l’être variant a pu être exposé. Enfin, parce que ces faits sont, en une certaine mesure, liés à une troisième loi plus générale, que M. B. D. Walsh[1] a désignée sous le nom de loi d’égale variabilité, et qu’il formule de la manière suivante : « Si un caractère donné est très-variable dans une espèce d’un groupe, il tendra également à l’être aussi dans les espèces voisines : et lorsqu’un caractère donné est parfaitement constant dans une espèce d’un groupe, il tendra également à l’être dans les autres espèces voisines. »

Ceci me conduit à rappeler une discussion qui a été donnée dans le chapitre sur la sélection, relativement au fait que, chez les races domestiques qui sont actuellement en voie rapide d’amélioration, ce sont surtout les caractères ou les parties les plus recherchées qui varient le plus. Ceci est la conséquence naturelle de ce que les caractères récemment triés par la sélection, tendant constamment à faire retour à leur type précédent moins amélioré, doivent être toujours maintenus sous l’action des mêmes influences, quelles qu’elles puissent être, qui ont d’abord déterminé leur première variation. Le même principe s’applique

  1. Proc. Entom. Soc. of Philadelphia, oct. 1863, p. 213.