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LOIS DE LA VARIATION.

Moquin-Tandon[1] a, dans le règne végétal, dressé une longue liste de cas montrant combien il est fréquent de voir des parties homologues, telles que les feuilles, pétales, étamines et pistils, aussi bien que des agrégations de parties homologues, comme les bourgeons, fleurs et fruits, se fusionner entre elles avec une parfaite symétrie. Il est intéressant d’examiner une fleur combinée de cette nature, formée exactement du double du nombre normal de sépales, pétales, étamines et pistils, chaque verticille d’organes étant circulaire et n’offrant aucune trace de la marche de la fusion. Moquin-Tandon considère comme une des lois les plus frappantes qui régissent la formation des monstres, cette tendance qu’ont les parties homologues à se fusionner pendant les premières phases de leur développement. Elle rend compte d’une foule de cas dans les deux règnes, elle élucide une quantité de structures normales qui ont évidemment été formées par l’union de parties primitivement distinctes, et comme nous le verrons par la suite, elle est d’une haute importance théorique.

Sur la variabilité des parties multiples et homologues. — Isidore Geoffroy[2] appuie sur le fait que lorsqu’un organe se répète souvent dans un même animal, il tend tout particulièrement à varier soit par le nombre, soit par sa conformation. Quant au nombre, le fait peut être regardé comme suffisamment démontré ; mais les preuves en sont surtout fournies par des êtres organisés, placés dans des conditions naturelles, et dont nous n’avons pas ici à nous occuper. Lorsque les vertèbres, les dents, les rayons des nageoires de poissons, les rectrices des oiseaux, ou les pétales, étamines, pistils, et les graines chez les plantes, sont très-nombreux, leur nombre est ordinairement variable. L’explication de ce simple fait n’est nullement évidente. Les preuves de la variabilité des parties multiples ne sont pas si décisives, mais elle dépend probablement de ce que les parties multiples ayant une importance physiologique moindre que celles qui sont uniques, leur type parfait de conformation a été moins rigoureusement fixé par la sélection naturelle.

Compensation de croissance ou balancement. — Cette loi, en tant que s’appliquant aux espèces naturelles, fut formulée

  1. O. C., livr. III.
  2. O. C., t. III, p. 4, 5, 6.