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AFFINITÉ DES PARTIES HOMOLOGUES.

seul embryon, et même un seul animal adulte, peuvent produire des organes doubles. Ainsi Vrolik cite, d’après Valentin, le cas d’un embryon dont l’extrémité caudale ayant été lésée, produisit trois jours après des rudiments d’un bassin double et de membres postérieurs également doubles. Hunter et d’autres ont vu des lézards qui avaient reproduit une queue double. Lorsque Bonnet partagea longitudinalement la patte d’une salamandre, plusieurs doigts additionnels furent formés. Mais aucun de ces cas, pas plus que la série complète qu’on peut établir entre un monstre double et un doigt supplémentaire, ne me paraissent contraires à l’idée que les parties correspondantes ont une affinité réciproque, et tendent par conséquent à se fusionner ensemble. Une partie peut être double et rester dans cet état ; ou les deux parties ainsi formées peuvent ensuite se confondre en vertu du principe de l’affinité ; ou enfin deux parties homologues de deux embryons distincts peuvent d’après le même principe, se réunir et n’en former qu’une.

La loi de l’affinité et de la fusion des parties semblables s’applique aussi bien aux organes homologues d’un même individu, qu’à ceux des monstres doubles. Isidore Geoffroy cite de nombreux exemples de deux ou plusieurs doigts, de deux jambes entières, de deux reins, et de plusieurs dents s’étant symétriquement fusionnés d’une manière plus ou moins complète. On a même des exemples de fusion des deux yeux en un seul, constituant le monstre dit cyclope, et aussi de celle des deux oreilles, malgré l’écartement naturel de ces deux organes. Ces faits selon l’observation de Geoffroy, démontrent remarquablement bien la fusion normale d’organes divers qui sont doubles dès les commencements de la période embryonnaire, mais se réunissent toujours par la suite pour former un organe médian unique. Les organes de ce genre se trouvent généralement normalement doubles dans d’autres membres de la même classe. Je ne vois pas de meilleur appui en faveur de la loi d’affinité dont nous nous occupons que ces cas de fusion normale des organes. Des parties voisines non homologues se soudent quelquefois, mais leur soudure n’est que le résultat d’une simple juxtaposition, et non d’une affinité mutuelle.