Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/366

Cette page a été validée par deux contributeurs.
359
VARIABILITÉ CORRÉLATIVE.

cas remarquable relatif à des porcs de Virginie, qui tous, les noirs exceptés, avaient été fortement éprouvés pour avoir mangé des racines du Lachnanthes tinctoria. D’après Spinola et d’autres[1], le sarrasin (Polygonum fagopyrum), lorsqu’il est en fleur, est fort nuisible aux porcs blancs ou tachetés de cette couleur, s’ils sont exposés au soleil, mais n’a aucune action sur les porcs noirs. D’après deux récits, le Hypericum crispum de Sicile, est vénéneux pour les moutons blancs seulement ; leur tête enfle, leur laine tombe, et ils périssent souvent ; mais d’après Lecce, cette plante n’est vénéneuse que lorsqu’elle croît dans les marais ; fait qui n’a rien d’improbable, car nous savons déjà combien les principes vénéneux des plantes peuvent être influencés par les conditions extérieures dans lesquelles elles se trouvent.

On a publié dans la Prusse orientale trois cas de chevaux blancs et tachetés de blanc, ayant été fortement éprouvés pour avoir mangé des vesces atteintes de blanc et de miellat ; tous les points de la peau portant des poils blancs s’étaient enflammés et gangrenés. Le Rév. J. Rodwell m’a informé que quinze chevaux de trait, bais et alezans, et, à l’exception de deux d’entre eux, ayant tous des balzanes et les marques blanches en tête, avaient été mis au vert dans une prairie d’ivraie fortement attaquée dans certaines parties par les pucerons, et qui était par conséquent atteinte de miellat et probablement de blanc. Chez tous les chevaux ayant des parties blanches, celles-ci s’enflèrent fortement et se couvrirent seules de croûtes. Les deux chevaux qui n’avaient aucune trace de blanc, échappèrent complétement. À Guernesey les chevaux qui mangent la petite ciguë (Æthusa cynapium), sont quelquefois violemment purgés ; cette plante exerce une action particulière sur le nez et les lèvres, y déterminant des crevasses et des ulcères, surtout sur les chevaux qui ont le museau blanc[2]. Dans le bétail, en dehors de toute action vénéneuse, Youatt et Erdt ont fait connaître des cas de maladies cutanées, entraînant beaucoup de perturbations constitutionnelles (une fois à la suite d’une exposition à un soleil ardent), et affectant, à l’exclusion de

  1. Ce fait et, lorsque le contraire n’est pas indiqué, les suivants sont empruntés à un travail curieux du prof. Heusinger, Wochenschrift für Heilkunde, mai 1846, p. 277.
  2. M. Mogford, Veterinarian, cité dans The Field, 22 janv. 1861, p. 545.