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LOIS DE LA VARIATION.

a que les chèvres blanches à cornes qui fournissent la toison à longues mèches bouclées si admirées, celle des chèvres sans cornes étant beaucoup plus serrée. Ces cas nous autorisent à conclure à quelque corrélation entre les variations du poil ou de la laine et celles des cornes. Ceux qui pratiquent l’hydropathie savent que l’application fréquente de l’eau froide stimule la peau ; or tout ce qui stimule la peau tend à augmenter la croissance des poils, comme le prouve la présence anormale de poils dans le voisinage de surfaces anciennement atteintes d’inflammation. Le professeur Low[1] admet que, dans les diverses races du bétail anglais, une peau épaisse et des poils longs dépendent de l’humidité du climat sous lequel elles vivent. Ceci nous montre comment un climat humide peut agir sur les cornes, — d’abord en affectant directement la peau et le poil, puis, en second lieu par corrélation, les cornes. La présence ou l’absence des cornes agit, comme nous allons le voir, par corrélation sur le crâne, tant dans le gros bétail que dans le mouton.

Quant au poil et aux dents, M. Yarrell[2] a constaté l’absence d’un grand nombre de dents chez trois chiens Égyptiens nus, et chez un terrier sans poils. Les incisives, les canines et les prémolaires, étaient les plus affectées, mais, dans un cas, toutes les dents, à l’exception de la grande molaire tuberculeuse de chaque côté, faisaient défaut. On a consigné chez l’homme[3] plusieurs cas frappants de calvitie héréditaire accompagnée d’un défaut total ou partiel des dents. La même connexion se remarque dans les quelques cas rares où les cheveux étant revenus à un âge avancé, leur réapparition avait été accompagnée d’un renouvellement des dents. J’ai déjà précédemment fait remarquer que la réduction remarquable des crocs du porc domestique se rattache probablement à la disparition des soies, résultant de la protection qu’il trouve à l’état domestique ; et que la réapparition des crocs chez les porcs qui, redevenus sauvages, sont exposés à toutes les intempéries, dépend aussi de la réapparition des soies. J’ajouterai ici un fait avancé par un agriculteur[4], que les porcs qui ont peu de poils sont plus

  1. Domesticated animals, etc., p. 307, 368.
  2. Proceedings Zoolog. Soc., 1833, p. 113.
  3. Sedgwick, Brit. and Foreign Med. Chir. Review, 1863, p. 453.
  4. Gardener’s Chronicle, 1849, p. 205.