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ACCLIMATATION.

entre les variétés du camellia. Une variété particulière de la rose « Noisette » résista en 1860 à un hiver rigoureux, et échappa seule, intacte et bien portante, à la destruction universelle de toutes les autres Noisettes. À New-York l’if d’Irlande est très-robuste, mais l’if commun l’est beaucoup moins. Parmi les variétés de la patate (Convolvulus batatas) il y en a aussi qui sont les unes plus adaptées à un climat chaud, les autres à des climats plus froids[1].


Les plantes que nous avons jusqu’à présent mentionnées se sont trouvées aptes à résister, étant adultes, à des degrés inusités de froid ou de chaud ; les cas suivants ont trait à des plantes jeunes. On a observé[2] dans une plantation de jeunes Araucarias du même âge, croissant serrés et dans la même exposition, qu’après l’hiver exceptionnellement rigoureux de 1860–61, au milieu de plantes frappées de mort, un grand nombre d’individus paraissaient n’avoir absolument pas été affectés par le gel. Le Dr Lindley fait, à propos de ce cas et d’autres semblables, cette remarque : « Au nombre des leçons que cet hiver rigoureux nous a données, il y a celle-ci, que, même pour ce qui regarde l’aptitude qu’ont certaines plantes à résister à un froid vif, les individus d’une même espèce peuvent être fort différents. » Dans la nuit du 24 mai 1836, il gela fortement près de Salisbury, et tous les haricots (Phaseolus vulgaris) d’une plate-bande périrent, sauf un sur trente, qui échappa complétement[3]. À la même date de 1864, à la suite d’un fort gel dans le Kent, sur deux rangées de P. multiflorus de mon jardin, contenant 390 plantes du même âge, toutes, à l’exception d’une douzaine, devinrent noires et périrent. Dans une rangée voisine de la variété Fulmer naine (P. vulgaris), une seule plante échappa. Un gel encore plus intense étant survenu quatre jours plus tard, sur les douze qui avaient résisté la première fois, trois seulement survécurent et n’eurent pas même l’extrémité des feuilles brunies, bien qu’elles ne fussent ni plus hautes ni plus vigoureuses que les autres jeunes plantes. À voir ces trois individus isolés au milieu de tous leurs camarades noircis, flétris et morts, il était impossible de ne pas

  1. Pour le magnolia, voir Loudon’s, Gard. Mag., vol. XIII, 1837, p. 21. — Pour les roses et camellias, Gard. Chron., 1860, p. 384. — Pour l’if, Journ. of Hort., mars 1863, p. 174. — Pour la patate, col. von Siebold, dans Gard. Chron., 1859, p. 822.
  2. Gardener’s Chronicle, 1861, p. 239.
  3. Loudon’s, Gardener’s Magazine, vol. XII, 1836, p. 378.