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DES CONDITIONS EXTÉRIEURES.

intime. De même les surfaces supérieure et inférieure des vraies feuilles, ainsi que celles des tiges et pétioles, lorsque ces organes revêtent les fonctions et occupent la position des feuilles, sont dans des conditions différentes par rapport à la lumière, etc., et par conséquent, diffèrent probablement par leur structure. Mais ainsi que le reconnaît M. Herbert Spencer, il est dans tous ces cas fort difficile de distinguer entre les effets de l’action des conditions physiques, et ceux de l’accumulation par sélection naturelle des variations héréditaires qui sont utiles à l’organisme, et qui ont surgi en dehors de l’action définie de ces conditions.


Bien que nous ne nous occupions pas ici d’êtres organisés à l’état de nature, je puis cependant attirer l’attention sur un fait. M. Meehan[1] a comparé vingt-neuf espèces d’arbres américains, appartenant à divers ordres, aux formes européennes les plus voisines, toutes ayant crû dans le même jardin, près les unes des autres, et autant que possible dans les mêmes conditions. M. Meehan a trouvé qu’à de très-rares exceptions près, chez les espèces américaines, la chute des feuilles a lieu plus tôt dans la saison, et qu’avant de tomber, elles revêtent une teinte plus brillante ; que les feuilles sont moins profondément dentelées ; que les bourgeons sont plus petits ; que les arbres ont une croissance plus irrégulière et moins de petites branches ; enfin que les graines sont plus petites ; comparées sur tous ces points aux espèces européennes. Maintenant, ces arbres appartenant à des ordres différents, les particularités mentionnées ne peuvent avoir été héritées dans les deux continents d’un ancêtre particulier à chacun, et ces arbres habitant des stations fort différentes, leurs particularités ne peuvent pas être considérées comme étant d’aucune utilité spéciale aux deux séries de l’ancien et du nouveau monde ; elles ne sont, par conséquent, pas le résultat d’une sélection naturelle. Ceci nous conduit à admettre qu’elles ont été causées par l’action définie et longtemps prolongée des climats différents des deux continents.

Galles. — Une autre catégorie de faits mérite notre attention, bien que ne se rattachant pas aux plantes cultivées. Je veux parler de la production des galles. Chacun connaît ces produits velus, d’un rouge vif, qui se remarquent sur le rosier

  1. Proc. Acad. Nat. Soc. of Philadelphia, 28 janvier 1862.