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CHEZ LES ANCIENS.

Virgile parle de la nécessité de recueillir annuellement les plus belles graines, et Celse ajoute, « que là où le blé et la récolte sont faibles, il faut choisir les meilleurs épis, et conserver à part les grains qui en proviennent[1]. »

Au commencement du IXe siècle, Charlemagne avait expressément ordonné à ses officiers d’avoir grand soin de ses étalons, et de le prévenir avant de leur livrer les juments, lorsqu’ils seraient trop vieux ou mauvais[2]. À la même époque et en Irlande, il semblerait, d’après quelques vers anciens[3], décrivant une rançon exigée par Cormac, qu’on estimait les animaux de certaines localités, ou ayant des caractères particuliers : « J’ai apporté d’Aengus deux porcs de ceux de Mac Lir, un bélier et une brebis tous deux rouges et ronds. J’ai ramené avec moi un étalon et une jument des magnifiques haras de Manannan ; un taureau et une vache blanche de Druim Cain. » En 930, Athelstan reçut d’Allemagne en cadeau des chevaux de course, et prohiba l’exportation des chevaux anglais. Le roi Jean importa de Flandre une centaine d’étalons choisis[4]. Le 16 Juin 1305, le prince de Galles écrivit à l’archevêque de Canterbury, pour lui demander en prêt quelque étalon de choix, en promettant de le rendre à la fin de la saison[5]. Il existe de nombreux documents dans l’histoire ancienne de l’Angleterre, relatifs à l’importation d’animaux de choix de races diverses, ainsi qu’à des lois contre leur exportation. Sous les règnes d’Henri VII et d’Henri VIII, on ordonna aux magistrats de faire, à la Saint-Michel, une battue générale dans les communaux, et de détruire toutes les juments au-dessous d’une taille fixée[6]. Quelques-uns de nos premiers rois avaient édicté des lois contre l’abattage des béliers appartenant à de bonnes races, avant qu’ils eussent atteint l’âge de sept ans, afin qu’ils eussent le temps de reproduire. Le cardinal Ximenès fit publier en Espagne, en 1509, des règlements sur la sélection des meilleurs béliers pour la reproduction[7].

  1. Le Couteur, On Wheat, p. 15.
  2. Michel, Des Haras, 1861, p. 84.
  3. Sir W. Wilde, Essay on unmanufactured animal remains, etc., 1860, p. 11.
  4. Col. H. Smith, Nat. Library, vol. XII, Horses, p. 135, 140.
  5. Michel. O. C., p. 90.
  6. Baker, History of the Horse, Veterinary, vol. XIII. p. 423.
  7. L’abbé Carlier, Journal de physique, vol. XXIV, 1784, p. 181, mémoire qui renferme