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SÉLECTION.

Un excellent connaisseur en porcs[1], remarque, « qu’il ne faut pas que les pattes soient plus longues qu’il n’est nécessaire pour empêcher le ventre de l’animal de traîner par terre ; la jambe étant la partie la moins profitable du porc, il est inutile qu’il y en ait plus qu’il ne faut absolument pour soutenir le reste ».

Il n’y a qu’à comparer le sanglier sauvage au porc de nos races améliorées actuelles, pour juger de l’énorme réduction qu’ont subie les membres de ces derniers.

Peu de gens, les éleveurs exceptés, se doutent des soins systématiques qu’il faut apporter à la sélection des animaux, et de la nécessité d’entrevoir nettement dans l’avenir le but qu’on se propose. Lord Spencer dit à ce sujet[2], « que celui qui veut commencer à élever du bétail ou des moutons, doit avant tout, décider quelles sont les formes et qualités qu’il désire obtenir, et poursuivre avec constance son plan préconçu ». Lord Somerville, parlant des améliorations remarquables apportées par Bakewell et ses successeurs, aux moutons New Leicester, dit qu’il semble, « qu’ils aient d’abord dessiné une forme parfaite, à laquelle ils ont ensuite donné la vie ». Youatt[3] insiste sur la nécessité de réviser annuellement chaque troupeau, parce que beaucoup d’animaux dégénèrent certainement du type de perfection que l’éleveur s’est proposé. Même pour un oiseau aussi peu important que le canari, on a établi, il y a déjà longtemps (1780 à 1790), des règles, et fixé un type de perfection, auquel tous les éleveurs de Londres ont cherché à ramener leurs diverses sous-variétés[4]. Un éleveur de pigeons[5], parlant du Culbutant courteface amande, dit, « il y a beaucoup d’amateurs qui recherchent ce qu’on appelle le bec de chardonneret, qui est fort beau ; d’autres prenant pour modèle une grosse cerise ronde, dans laquelle ils insèrent un grain d’orge pour représenter le bec ; d’autres préfèrent un grain d’avoine, mais comme j’estime que le bec de chardonneret est le plus élégant, je conseillerai à l’amateur inexpérimenté de se procurer une tête de chardonneret, et de l’avoir toujours sous les yeux ». Or, si

  1. H. D. Richardson, On Pigs, 1847, p. 44.
  2. Journ. of R. Agric. Soc., vol. I, p. 24.
  3. Sheep, p. 319, 520.
  4. Loudon’s, Mag. of Nat. Hist., vol. VIII, 1835, p. 618.
  5. Treatise on the Art of Breeding the Almond Tumbler, 1851, p.9.