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HYBRIDITÉ.

entre deux espèces dans leur constitution sexuelle, sera nécessairement plus ou moins liée à leur situation dans le système de classification.

Sixièmement. La stérilité des espèces au premier croisement et celle des hybrides peuvent dépendre jusqu’à un certain point de causes distinctes. Dans les espèces pures, les organes reproducteurs sont parfaitement constitués, tandis qu’ils sont souvent très-visiblement altérés chez les hybrides. Ces derniers, à l’état embryonnaire, participant de la constitution du père et de la mère, ne se trouvent pas dans des conditions tout à fait naturelles, tant qu’il sont nourris dans la matrice, l’œuf ou la graine de la forme maternelle ; et comme les conditions artificielles déterminent souvent la stérilité, il se pourrait que les organes reproducteurs de l’hybride fussent, dès les commencements, affectés d’une manière permanente. Mais cette cause ne peut nullement influencer l’infécondité du premier croisement. La diminution dans le nombre des produits des premières unions peut souvent résulter de la mort prématurée de la plupart des embryons hybrides. Mais nous verrons qu’il existe probablement une loi inconnue qui détermine une stérilité plus ou moins forte chez les produits d’unions déjà peu fertiles, et c’est tout ce que, jusqu’à présent, on en peut dire.

Septièmement. Les hybrides et les métis, à l’exception de la fécondité, présentent du reste la plus grande analogie sous tous les autres rapports, par leur ressemblance à leurs ascendants, leur tendance au retour, leur variabilité et leur absorption à la suite de croisements répétés avec l’une ou l’autre de leurs formes parentes.

Depuis que je suis arrivé aux conclusions précédentes, j’ai été conduit à étudier un sujet qui élucide considérablement la question de l’hybridité, et qui est relatif à la fertilité des plantes dimorphes et trimorphes, lorsqu’on les unit illégitimement. J’ai déjà, dans plusieurs occasions, fait allusion à ces plantes, et je crois devoir donner ici un extrait de mes observations[1]. Plusieurs plantes appartenant à divers ordres distincts présentent

  1. J’ai publié cet extrait dans la quatrième édition de mon Origine des espèces (1866) ; mais comme cette édition n’est entre les mains que de peu de personnes, et que mes observations sur ce sujet n’ont pas encore été publiées en détail, je crois devoir les reproduire ici.