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DES QUATRE CHAPITRES PRÉCÉDENTS.

l’inaction du système reproducteur. Quelques plantes, tant d’origine hybride que pure, quoique parfaitement robustes, sont devenues impuissantes par elles-mêmes, apparemment par suite des conditions artificielles auxquelles elles ont été soumises, et chez de telles plantes, comme chez d’autres dans leur état normal, on ne peut ramener la fertilité qu’en les croisant avec d’autres individus de l’espèce, ou même appartenant à une espèce distincte.

Une reproduction longtemps continuée entre individus d’une consanguinité très-rapprochée, diminue d’autre part la taille, la vigueur et la fécondité des produits, et entraîne parfois à sa suite des déformations, mais non nécessairement une dégénérescence générale de forme ou de structure. Le défaut de fertilité montre que les effets nuisibles de la consanguinité sont indépendants de l’augmentation des tendances morbides communes aux deux parents, bien que cette augmentation soit, sans aucun doute, souvent très-nuisible. Notre croyance aux inconvénients qui suivent la reproduction consanguine repose en grande partie sur l’expérience des éleveurs pratiques, surtout de ceux qui se sont livrés à l’élevage d’animaux se reproduisant avec rapidité ; mais elle est également appuyée par des essais faits avec soin. On peut, pour quelques animaux, pousser impunément la génération consanguine pendant une longue période, moyennant une sélection attentive des individus les plus vigoureux et les mieux portants ; mais tôt ou tard il en résulte des inconvénients. Le mal arrive toutefois si lentement et graduellement, qu’il échappe facilement à l’observation ; mais on peut très-nettement s’en rendre compte par la rapidité avec laquelle les animaux issus d’unions consanguines répétées, reprennent la taille, la vigueur et la fécondité, lorsqu’on les croise avec une famille distincte.

Ces deux grands groupes de faits, à savoir les avantages qui résultent du croisement, et les inconvénients des unions consanguines répétées, joints à la considération des innombrables adaptations naturelles qui paraissent obliger, favoriser, ou au moins permettre les unions occasionnelles entre individus distincts, semblent autoriser la conclusion que c’est une loi de la nature que les êtres organisés ne doivent pas à perpétuité se féconder par eux-mêmes. A. Knight, en 1799, a