Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
COMME CAUSANT LA STÉRILITÉ.

apprivoiser dans l’Inde, et cependant une paire appartenant au Dr Falconer a donné des petits. Les renards, d’autre part, ne produisent que rarement, je n’ai même jamais entendu dire que cela soit arrivé au renard européen ; le renard argenté de l’Amérique du Nord (Canis argentatus), a toutefois reproduit plusieurs fois au Jardin Zoologique ; il en a été de même pour la loutre. Chacun sait combien le furet à demi domestique reproduit facilement, quoique enfermé dans de petites cages, mais d’autres espèces de Viverra et le Paradoxurus refusent absolument de reproduire au Jardin Zoologique. La Genette y a produit, ainsi qu’au Jardin des Plantes, elle a même donné des hybrides. L’Herpestes fasciatus a été dans le même cas, mais on m’a assuré autrefois que cela n’était jamais arrivé au H. griseus, qu’on conservait en assez grand nombre au Jardin.

Les carnivores plantigrades reproduisent en captivité moins facilement que les autres membres du groupe, sans qu’on puisse en assigner la raison. Dans le Rapport des neuf ans, il est dit qu’on avait observé l’accouplement fréquent des ours au Jardin Zoologique, mais qu’avant 1848, les conceptions avaient été rares. Dans les Rapports postérieurs à cette date, trois espèces ont produit des petits (hybrides dans un cas) et, chose étonnante, l’ours blanc était du nombre. Le blaireau (Meles taxus) a reproduit plusieurs fois au Jardin Zoologique, mais c’est à ma connaissance le seul exemple en Angleterre, et le fait doit être fort rare, car un cas arrivé en Allemagne a été jugé digne d’une mention spéciale[1]. Le Nasua indigène du Paraguay, quoique conservé pendant bien des années par paires et apprivoisé, n’a, d’après M. Rengger, jamais reproduit, et, selon M. Bates, ni cet animal, ni le Cercoleptes ne produisent dans la région des Amazones. Deux autres genres de plantigrades, les Procyon et Gulo, n’ont jamais reproduit au Paraguay, où on les garde souvent à l’état apprivoisé. On a vu, au Jardin Zoologique, des espèces de Nasua et Procyon s’accoupler, mais sans résultat.

Les lapins domestiques, les cochons d’Inde et les souris blanches, se montrant si prolifiques en captivité sous divers climats, on aurait pu s’attendre à trouver chez d’autres membres de la famille des Rongeurs une égale aptitude à se reproduire dans les mêmes conditions, mais cela n’est pas le cas. Il faut noter, comme montrant que l’aptitude à la reproduction accompagne les affinités de conformation, le fait qu’un rongeur indigène du Paraguay, le Cavia aperea, qui s’y reproduit facilement et a donné grand nombre de générations successives, ressemble tellement au cochon d’Inde, qu’on l’a à tort regardé comme la souche primitive de ce dernier[2]. Quelques rongeurs se sont accouplés au Jardin Zoologique de Londres, mais n’ont point produit de petits ; d’autres ne se sont jamais accouplés ; un petit nombre, comme le porc-épic, le rat de Barbarie, le lemming, le chinchilla, et l’agouti (Dasyprocta aguti), ont plusieurs fois reproduit. Ce dernier animal a aussi produit au Paraguay, mais les petits furent mort-nés et difformes ; dans les Amazones, selon M. Bates, il ne reproduit jamais,

  1. Wiegmann’s, Archiv für Naturgesch., 1837, p. 162.
  2. Rengger, Säugethiere, etc., p. 276. — Pour l’origine du cochon d’Inde, I. Geoffroy Saint-Hilaire, Hist. nat. générale.