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DES CHANGEMENTS DE CONDITIONS

leurs produits ; certains autres changements dans les conditions extérieures, d’autre part, entraînent la stérilité ; or, comme cette conséquence résulte aussi du croisement entre des formes très-modifiées, ou espèces, nous avons là une série double et parallèle de faits, qui sont très-probablement intimement liés les uns aux autres.

Beaucoup d’animaux, bien qu’entièrement apprivoisés, refusent, comme on le sait, de se reproduire en captivité. Aussi, I. Geoffroy Saint-Hilaire[1] a-t-il tracé Une forte ligne de démarcation entre les animaux apprivoisés qui ne se reproduisent pas en captivité, et les animaux vraiment domestiqués, qui se reproduisent facilement — même plus facilement que dans l’état de nature, comme nous l’avons vu au quinzième chapitre. Il est possible et généralement aisé, d’apprivoiser la plupart des animaux, mais l’expérience a prouvé qu’il est très-difficile de les amener à reproduire régulièrement, si même on y arrive. Je discuterai ce point avec quelques détails, mais en me bornant à l’exposé des cas qui me paraissent les plus probants. J’ai puisé mes matériaux dans des notices dispersées dans plusieurs ouvrages, et surtout dans un rapport dressé par les soins obligeants des membres de la Société Zoologique de Londres, et qui a une valeur toute particulière, attendu qu’il donne, pour un espace de neuf ans, de 1838 à 1846, tous les cas d’animaux qui se sont accouplés sans donner de produits, ainsi que ceux chez lesquels on n’a jamais observé d’accouplement. J’ai complété et corrigé ce rapport manuscrit, à l’aide des rapports annuels publiés depuis. Le magnifique ouvrage du Dr Gray, intitulé : Gleanings from the Menageries of Knowsley Hall, contient beaucoup de faits sur la reproduction des animaux. J’ai pris également des informations auprès du gardien des oiseaux de l’ancien Jardin Zoologique de Surrey. Je dois prévenir qu’un léger changement dans le mode de traitement des animaux, peut amener une grande différence dans leur fécondité, et il est possible que, pour cette raison, les résultats observés dans différentes ménageries puissent différer. Quelques animaux, dans nos Jardins Zoologiques, sont devenus plus productifs depuis 1846. Il résulte aussi de la description du

  1. Essais de Zoologie générale, 1841, p. 256.