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REPRODUCTION CONSANGUINE.

tions ; plusieurs causes nous empêchant d’apercevoir le mal, telles que la lenteur de l’altération, qui est graduelle, et la difficulté de distinguer le mal direct de l’augmentation inévitable des tendances morbides qui peuvent être apparentes ou latentes chez les parents de proche consanguinité. L’avantage du croisement, d’autre part, même lorsqu’il n’y a pas eu d’unions consanguines antérieures, est presque toujours tout d’abord très-manifeste. On a des raisons pour croire, et c’est l’opinion d’un de nos observateurs les plus expérimentés, Sir J. Sebright[1], que les mauvais effets des unions consanguines peuvent être amoindris en séparant pendant quelques générations, et en exposant à différentes conditions extérieures, les individus de parenté trop rapprochée.

Beaucoup de personnes ont nié qu’il dût résulter d’inconvénients directs de la reproduction consanguine, à quelque degré qu’elle ait lieu ; mais aucun éleveur pratique, que je sache, ne partage cette opinion, et surtout aucun de ceux qui ont élevé des animaux se propageant un peu rapidement. Plusieurs physiologistes en attribuent les mauvais effets surtout à la combinaison et à l’augmentation qui en est la conséquence des tendances morbides communes aux deux parents, et il n’est pas douteux qu’il n’y existe là une cause puissante de mal. Il est en effet très-évident que des hommes et des animaux domestiques, doués d’une constitution misérable, et présentant une forte prédisposition héréditaire à la maladie, sont parfaitement capables de procréer, s’ils ne sont pas effectivement malades. Les appariages consanguins, d’autre part, entraînent la stérilité, ce qui indique quelque chose de tout à fait distinct d’un accroissement des tendances morbides communes aux deux parents. Les faits que nous allons examiner m’ont convaincu que c’est une loi de la nature que, chez tous les êtres organisés, un croisement occasionnel entre individus qui ne sont pas en rapports de parenté trop rapprochée est une chose avantageuse ; et que, d’autre part, la reproduction trop longtemps continuée entre individus consanguins est nuisible.

Plusieurs considérations générales ont beaucoup contribué à déterminer ma conviction, mais le lecteur aura plus de con-

  1. The art of improving the breed, etc., 1809, p. 16.