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PAR LE CROISEMENT.

tent actuellement comme une race fixe[1]. Ils ont été produits en 1830 par des croisements de brebis de Hampshire et dans quelques cas de brebis Southdowns, avec des béliers Cotswold ; le bélier Hampshire était lui-même le produit de croisements répétés entre les Hampshire et les Southdowns ; et les Cotswold à longue laine ont été améliorés par des croisements avec les Leicester, ces derniers étant eux-mêmes, à ce qu’on croit, le résultat d’un croisement entre plusieurs moutons à longue laine. Après avoir étudié tous les cas qui ont été enregistrés avec suffisamment de soin, M. Spooner arrive à la conclusion qu’on peut établir une nouvelle race par un appariage judicieux d’animaux croisés. On a, sur le continent, des connaissances assez précises sur l’histoire de plusieurs races de bétail et même d’autres animaux croisés. Après vingt-cinq ans, soit six ou sept générations, le roi de Wurtemberg a créé une nouvelle race de bétail, provenant du croisement d’une race suisse avec une hollandaise, combinée avec quelques autres encore[2]. Le Bantam Sebright, qui est actuellement une race aussi fixe qu’aucune autre, a été formé il y a environ soixante ans par un croisement complexe[3]. Les Brahmas foncés, que quelques éleveurs considèrent comme une espèce distincte, sont nés récemment aux États-Unis[4], d’un croisement entre les Chittagongs et les Cochinchinois. Quant aux plantes, il est à peu près certain que quelques variétés de navets, actuellement très-répandues, sont des races croisées, et on possède des données authentiques sur l’histoire d’une variété de froment obtenue au moyen de deux variétés bien distinctes, et qui devint fixe après six ans de culture[5].

Jusque dans ces derniers temps, les éleveurs expérimentés et prudents, quoique non contraires à une infusion unique de sang étranger, étaient généralement convaincus que toute tentative pour établir une nouvelle race intermédiaire entre deux races bien distinctes, était inutile ; « ils se cramponnaient avec une ténacité superstitieuse à la doctrine de la pureté du sang,

  1. Gardener’s Chronicle, 1857, p. 649, 652.
  2. Bull. de la Soc. d’acclimatation, 1862, t. IX, p. 463. — Moll et Gayot, du Bœuf, 1860, p. xxxii
  3. Poultry Chronicle, vol. II, 1854, p. 36.
  4. Poultry Book, 1866, p. 58.
  5. Gardener’s Chronicle, 1852, p. 765.