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LEUR VARIATION.

grandes que celles qu’on constate entre les six ou sept autres espèces vivantes du genre Equus.

Je n’ai pas recueilli beaucoup de cas de variations individuelles ne caractérisant pas des races spéciales, et n’étant pas assez fortes ou nuisibles pour être qualifiées de monstruosités. M. G. Brown, du collège agricole de Cirencester, qui a surtout étudié la dentition de nos animaux domestiques, m’écrit qu’il a plusieurs fois rencontré des chevaux ayant huit incisives permanentes au lieu de six dans la mâchoire. Les mâles seuls en général ont des canines, on en trouve quelquefois chez les juments, mais elles sont petites[1]. Le nombre habituel des côtes est de dix-huit, mais Youatt[2] dit qu’il n’est pas rare d’en rencontrer dix-neuf de chaque côté, la surnuméraire étant toujours la dernière postérieure. J’ai vu plusieurs indications de variations dans les os des jambes ; ainsi M. Price[3] signale un os additionnel au jarret, et certaines apparences anomales entre le tibia et l’astragale, comme très-communes chez le cheval irlandais, sans être cependant un effet de maladie. On a observé, d’après M. Gaudry[4], chez certains chevaux, la présence d’un os trapèze et un rudiment d’un cinquième os métacarpien, montrant la réapparition par monstruosité dans le pied du cheval, d’une conformation qui existait normalement chez l’hipparion, un genre voisin mais éteint. Dans plusieurs pays on a observé des protubérances sur les os frontaux du cheval, rappelant des cornes ; dans un cas décrit par M. Percival, elles faisaient une saillie d’environ deux pouces au-dessus des arcades orbitaires, et ressemblaient tout à fait à celles d’un veau de cinq à six mois, ayant d’un demi à trois quarts de pouce de long[5]. Azara a décrit deux cas observés dans l’Amérique du Sud, dans lesquels les protubérances avaient de trois à quatre pouces de longueur ; d’autres cas se sont présentés en Espagne.

Il a dû, sans aucun doute, y avoir chez le cheval beaucoup

  1. The Horse etc., par J. Lawrence, 1829, p. 14.
  2. The Veterinary, London, vol. v, p. 543.
  3. Proc. Veterinary. Assoc. dans The Veterinary, vol. xiii, p. 42.
  4. Bulletin de la Soc. géologique, t. xxii, 1866, p. 22.
  5. M. Percival des dragons d’Enniskillen, dans The Veterinary, I, p. 224. — Azara, Des Quadrupèdes du Paraguay, ii, p. 313. — Le traducteur français d’Azara rapporte d’autres cas mentionnés par Huzard comme observés en Espagne.