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CHIENS.

choisie à cause de son peu d’odorat, — Youatt dit qu’à la sixième et à la septième génération il ne restait pas le moindre vestige du bouledogue dans les formes des descendants, mais qu’ils en avaient conservé le courage et la persévérance indomptables.

Youatt conclut, de la comparaison d’un ancien dessin d’épagneuls king-charles avec la race actuelle, que celle-ci a été matériellement altérée à son désavantage ; le museau s’est raccourci, le front est devenu plus saillant, et les yeux plus grands, modifications dues probablement à une simple sélection. Le même auteur fait remarquer que le setter est évidemment le grand épagneul amélioré et amené à sa taille et sa beauté actuelles, et auquel on a appris une autre manière de signaler le gibier. À l’appui de cette conclusion que les formes de ce chien justifient d’ailleurs complètement, il cite un document de 1685 sur ce sujet, en ajoutant que le setter irlandais pur ne montre aucun signe de croisement avec le chien d’arrêt, croisement que quelques auteurs soupçonnent avoir eu lieu pour le setter anglais. Un autre écrivain[1] remarque que si le dogue et le bouledogue anglais avaient été autrefois aussi distincts qu’ils le sont aujourd’hui (en 1828), un observateur aussi exact que le poète Gay (auteur de Rural Sports en 1711), aurait dans une de ses fables parlé du taureau et du bouledogue, et non du taureau et du dogue. Il n’y a aucun doute que les bouledogues actuels, maintenant qu’ils ne sont plus employés pour les combats de taureaux et de chiens, ont beaucoup diminué de taille, sans une intention arrêtée de l’éleveur. Nos chiens d’arrêt descendent certainement d’une race espagnole, comme l’indiquent déjà les noms qu’on leur donne ordinairement, tels que Don, Ponto, Carlos, etc. ; on assure qu’ils n’étaient pas connus, en Angleterre avant la révolution de 1688[2], mais depuis leur introduction, la race s’est bien modifiée, car M. Borrow qui est chasseur et connaît bien l’Espagne, m’apprend qu’il n’a jamais vu dans ce pays, aucune race correspondant par sa forme au chien d’arrêt anglais. Quelques

  1. The Farrier, 1828, vol. I, p. 337,
  2. Voir col. Hamilton Smith sur l’ancienneté du chien d’arrêt, dans Nat. Library, v. x, p. 196.