Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/447

Cette page a été validée par deux contributeurs.
431
ET CONCLUSIONS.

permettre d’envisager à un point de vue général les divers modes de reproduction par germination, division, ou par sexes, la restauration de parties perdues, la variation, l’hérédité, le retour et autres phénomènes semblables. J’essayerai, vers la fin du présent ouvrage, de relier ces différents ordres de faits par une hypothèse provisoire.

Nous avons, dans la première moitié de ce chapitre, donné une longue liste de plantes chez lesquelles, par variation de bourgeons, c’est-à-dire, indépendamment de toute reproduction par graine, les fruits se sont brusquement modifiés quant à leur grosseur, couleur, saveur, forme, et époque de maturation ; les fleurs ont de même changé de forme, de couleur, sont devenues doubles, et ont présenté de grandes différences dans le calice ; les jeunes branches ont changé de couleur, pris des épines, modifié leur facies, sont devenues grimpantes ou pendantes ; les feuilles ont aussi présenté des changements dans leur couleur, leur forme, l’époque de leur épanouissement, et dans leur disposition autour de l’axe. Les bourgeons de toute nature, qu’ils se trouvent sur des branches aériennes ou souterraines, qu’ils soient simples, ou comme dans les bulbes et tubercules, modifiés et entourés d’une provision de nourriture, sont tous susceptibles d’éprouver des variations subites de même nature.

Dans le nombre, plusieurs cas sont certainement dus à un retour à des caractères non acquis par un croisement, mais qui ont existé autrefois et ont été perdus depuis plus ou moins longtemps ; ainsi, lorsqu’un bourgeon d’une plante panachée produit des feuilles uniformes, ou lorsque les fleurs, diversement colorées des Chrysanthèmes, font retour à la couleur primitive jaune. D’autres cas sont probablement dus à ce que les plantes ayant une origine croisée, font retour par bourgeons à l’une ou à l’autre des formes parentes. Pour élucider l’origine du Cytisus Adami, nous avons cité plusieurs cas de retour partiel ou total chez des plantes hybrides, et de là nous pouvons supposer que la tendance prononcée qu’a, par exemple, le Chrysanthème à produire, par variation de bourgeons, des fleurs de diverses couleurs, doit provenir de ce que ses variétés ayant été autrefois accidentellement ou intentionnellement croisées, les descendants actuels de ces croisements font encore