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LEUR ORIGINE.

très-marquée entre les chiens pariahs de certaines régions de l’Inde et le loup du même pays[1].

Pour ce qui concerne les chacals, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire[2] constate qu’on ne peut signaler aucune différence constante entre eux et les petites races de chiens. Les mœurs sont à peu près les mêmes ; le chacal apprivoisé, appelé par son maître, remue la queue, rampe et se renverse sur le dos ; il flaire les chiens à l’anus, et, comme eux, urine par côté[3]. Un grand nombre de naturalistes, depuis Güldenstadt jusqu’à Ehrenberg, Hemprich et Cretzschmar, se sont déjà prononcés très-positivement sur la grande ressemblance qu’offrent avec le chacal les chiens à moitié domestiqués de l’Asie et de l’Égypte.

M. Nordmann, par exemple, dit : « Les chiens d’Awhasie ressemblent étonnamment à des chacals. » Ehrenberg[4] affirme que les chiens domestiques de la basse Égypte et quelques chiens momifiés correspondent à un type sauvage du pays, une espèce de loup, le C. lupaster ; tandis que les chiens domestiques de la Nubie et certains autres chiens momifiés se rapportent à une espèce sauvage également du pays, le C. sabbar, mais qui n’est qu’une variété du chacal commun. Pallas[5] constate le croisement naturel du chien et du chacal en Orient, et on en a rapporté un cas en Algérie. La plupart des naturalistes divisent les chacals d’Asie et d’Afrique en plusieurs espèces, mais quelques-uns les réunissent toutes en une seule.

Sur la côte de Guinée, les chiens domestiques sont des animaux muets, semblables au renard[6]. On trouve, à ce que m’assure le Rév. S. Erhardt, sur la côte orientale de l’Afrique, entre 4° et 6° de latitude sud, et à environ dix journées de marche à l’intérieur, un chien demi-domestique, que les natu-

  1. Je donne ce fait sur l’excellente autorité de M. Blyth (signant Zoophilus) dans le Indian sporting Review, Oct. 1856 p. 134. M. Blyth raconte qu’il fut frappé de la ressemblance entre une race de chiens pariahs à queue touffue, au nord-ouest de Cawnpore, et le loup indien ; de même pour les chiens de la vallée du Nerbudda.
  2. Pour des détails nombreux et intéressants sur la ressemblance du chien et du chacal, voir Geoffroy Saint-Hilaire, Hist. nat. gén. 1860, t. III, p. 101, — et P. Gervais, Hist. nat. des Mammifères 1855, t. II, p. 60.
  3. Güldenstadt, Nov. Comment. Acad. Petrop., t. XX, pro anno 1775, p. 449.
  4. Cité par de Blainville dans son Ostéographie, Canidæ, p. 79, 98.
  5. Voir Pallas, Act. Acad. St-Pétersb., 1780, part. II, p. 91. — Pour l’Algérie, voir I. G. St.-Hilaire. O. c. t. III, p. 177. — Dans les deux pays, c’est le chacal mâle qui s’apparie avec les femelles de races domestiques.
  6. J. Barbut, Description of the coast of Guinea in 1746.