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DRAGEONS, TUBERCULES ET BULBES.

propagés par tubercules varient beaucoup. Sir R. Schomburgk signale le cas de la variété « Papillon », qui, dès la seconde année, portait sur la même plante des fleurs doubles et simples, ici des pétales blanches bordées de marron, à des pétales uniformément marron foncé[1]. M. Bree mentionne aussi une plante qui portait deux sortes de fleurs de couleurs différentes, et une troisième qui réunissait les deux admirablement mélangées[2]. On a encore décrit un Dahlia à fleurs pourpres qui portait une fleur blanche rayée de pourpre[3].

Quoiqu’un grand nombre de plantes bulbeuses aient été cultivées sur une grande échelle et depuis longtemps, et aient produit une grande quantité de variétés de graine, elles n’ont pas varié autant qu’on aurait pu le croire par rejetons, c’est-à-dire par production de nouveaux bulbes. On cite le cas d’une jacinthe bleue qui, pendant trois années consécutives, a donné des rejetons qui ont produit des fleurs blanches à centre rouge[4]. On en a aussi décrit une autre qui portait sur la même grappe une fleur rose et une bleue[5], toutes deux parfaites.

M. John Scott m’informe que, en 1862, un Imatophyllum miniatum poussa, au jardin botanique d’Édimbourg, un drageon différant de la forme normale par ses feuilles, qui étaient à deux rangs au lieu de quatre, plus petites, et avaient leur surface supérieure saillante au lieu d’être creuse.

Dans la culture des Tulipes, on lève de semis des plantes dont les fleurs offrent une couleur unique sur fond blanc ou jaune. Celles-ci, cultivées dans un sol sec et peu riche, deviennent panachées ou « se brisent » et produisent de nouvelles variétés ; ce changement peut se faire dans un temps qui varie de un à vingt ans, et n’a quelquefois jamais lieu[6]. Les diverses couleurs ainsi panachées qui font la valeur des tulipes, sont dues à une variation de bourgeons, car, bien que quelques variétés soient sorties de plusieurs plantes de semis distinctes, on dit que tous les « Baguets » sont provenus exclusivement d’une seule. Cette variation de bourgeons est, d’après l’opinion de MM. Vilmorin et Verlot[7], un commencement de retour vers la couleur uniforme qui est naturelle à l’espèce. Une tulipe peut toutefois, lorsqu’elle a commencé à varier ses couleurs, perdre, par un second acte de retour, sa panachure et s’uniformiser sous l’action d’une fumure trop énergique ; cela arrive surtout à quelques variétés plus facilement qu’à d’autres, par exemple à l’Imperatrix florum. M. Dickson[8] croit qu’on ne peut pas plus expliquer ce fait qu’on ne peut le faire pour les variations d’autres plantes, et pense que les horticulteurs anglais ont quelque peu diminué la tendance qu’ont les fleurs panachées à redevenir unicolores et à perdre leurs caractères, par le fait qu’ils ont eu

  1. Journ. of Proc. Linn. Soc., vol. II, Botany, p. 132.
  2. Loudon, Gard. Mag. vol. VIII, p. 832, p. 94.
  3. Gardener’s Chron., 1850, p. 536 ; et 1842, p. 729.
  4. Des Jacinthes, etc. Amsterdam, 1768, p. 122.
  5. Gardener’s Chron., 1845, p. 212.
  6. Loudon, Encyc. of Gardening, p. 1024.
  7. O. C., p. 63.
  8. Gardener’s Chron., 1841, p. 782 ; — 1842, p. 55.