Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/417

Cette page a été validée par deux contributeurs.
401
FLEURS.

autre cas, produit une fleur parfaite d’A. Ind. lateritia, de sorte que les deux variétés Gledstanesii et lateritia ont sans aucun doute dû surgir comme variations subites de l’A. Ind. variegata[1].

Cistus tricuspis. — Une de ces plantes, levée de graine, produisit après quelques années à Saharunpore[2], quelques branches portant des feuilles et des fleurs très-différentes de la forme normale. La feuille anormale est moins divisée et point acuminée. Les pétales sont plus grands et entiers, et à l’état frais on remarque sur la partie postérieure de chaque segment du calice, une grosse glande oblongue pleine d’une sécrétion visqueuse.

Althæa rosea. — Une rose-trémière jaune double changea subitement et devint blanche et simple, mais ultérieurement une branche, portant les fleurs jaunes et doubles primitives, reparut parmi les blanches simples[3].

Pelargonium. — Ces plantes semblent tout particulièrement susceptibles de variations par bourgeons, je vais en donner quelques exemples frappants. Gartner[4] a observé sur une plante du P. zonale, une branche à feuilles bordées de blanc, qui resta constante pendant des années, et portait des fleurs d’un rouge plus foncé qu’à l’ordinaire. En général, ces branches ne présentent que peu ou point de différences quant aux fleurs ; ainsi le jet principal d’une plante du P. zonale[5] ayant été pincé, il poussa trois branches qui différaient par la grandeur et la couleur des feuilles, mais les fleurs furent identiques dans les trois, un peu plus grandes dans la variété à tiges vertes, plus petites dans celle à feuillage panaché ; ces trois variétés ont été propagées depuis et répandues. On a observé sur une variété nommée compactum, dont les fleurs sont d’un rouge orangé vif, des branches ou même des plantes entières portant des fleurs roses[6]. La variété rouge pâle « Hill’s Hector » a produit une branche portant des fleurs lilas, et quelques touffes contenant des fleurs lilas et des fleurs rouges ; cette variété provenant du semis de la graine d’une variété lilas, il y a eu là probablement un cas de retour[7]. De tous les Pélargoniums, la variété « Rollisson’s Unique » paraît être la plus capricieuse ; son origine n’est pas bien connue, et on la regarde comme étant le résultat d’un croisement. M. Salter d’Hammersmith[8], assure qu’il a vu cette variété pourpre produire les variétés lilas, rose-incarnat ou conspicuum, et rouge ou coccineum ; cette dernière a aussi donné la rose d’amour ; de sorte que quatre variétés doivent ensemble leur origine à des variations par bourgeons de la seule Rollisson’s Unique. L’auteur fait remarquer que, bien qu’elles donnent encore quelquefois des fleurs de la couleur originelle, on peut regarder ces variétés comme fixes. La variété

  1. Exposée à la Société d’Hort. de Londres, Gard. Chron., 1844, p. 337.
  2. W. Bell. Bot. Soc, of Edinburgh, mai 1863.
  3. Revue horticole, cité dans Gard. Chron., 1845, p. 475.
  4. Bastarderzeugung, 1849, p. 76.
  5. Journ. of Horticulture, 1861, p. 336.
  6. W. P. Ayres, Gardener’s Chronicle, 1842, p. 791.
  7. Id., ibid.
  8. Ibid., 1861, p. 968.