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FRUITS.

et tous deux sont plus allongés que cette dernière, dont le noyau est très-gros et mousse ; dans la prune Impériale il est ovale et pointu à ses deux extrémités. Les arbres diffèrent aussi par leur mode de croissance : le prunier Reine-Claude est un arbre qui croît lentement et qui s’étale en restant bas ; le prunier Impérial qui en provient, croît facilement, s’élève rapidement et pousse des rameaux longs et foncés. Le prunier Washington porte un fruit globuleux, mais celui d’un de ses descendants, « l’Emerald drop, » est presque aussi long que la prune « Manning, » la plus allongée de toutes celles figurées par Downing. J’ai recueilli les noyaux de vingt-cinq variétés et y ai trouvé toutes les nuances de gradation, depuis les plus ronds et mousses jusqu’aux plus tranchants. J’ai figuré ici les formes de noyaux les plus distinctes parmi celles que j’ai eues à ma disposition, vu l’importance systématique des caractères tirés de la graine ; on voit combien ils diffèrent par la grosseur, la forme, l’épaisseur, la saillie des arêtes et la nature de leur surface. La forme du noyau n’est pas toujours rigoureusement en corrélation avec celle du fruit : ainsi la prune Washington, qui est sphérique et déprimée au sommet, a le noyau un peu allongé, tandis que la prune Goliath, plus longue, a un noyau qui l’est moins que celui de la prune Washington. Les prunes Victoria de Denyer et Goliath se ressemblent beaucoup mais ont des noyaux fort dissemblables ; inversement, les prunes « Harvest et Black Margate, » qui sont fort différentes en apparence, renferment cependant des noyaux presque identiques.

Les variétés de prunes sont nombreuses, et diffèrent grandement entre elles par la grosseur, la forme, la qualité et la couleur, — celle-ci pouvant être d’un jaune vif, verte, presque blanche, bleue, pourpre ou rouge. Il en est de fort curieuses, telles que la prune double ou Siamoise, la prune sans noyau, dans laquelle l’amande est logée dans une cavité spacieuse, et entourée directement de la pulpe. Le climat de l’Amérique du Nord paraît être tout particulièrement favorable à la production de bonnes et nouvelles variétés ; Downing n’en décrit pas moins de quarante, dont sept de première qualité ont été récemment importées en Angleterre[1]. Il apparaît occasionnellement des variétés qui sont tout particulièrement adaptées à certains sols, et cela d’une manière aussi prononcée que pour les espèces naturelles, croissant sur les formations géologiques les plus distinctes ; ainsi en Amérique, la prune Impériale, au contraire de presque toutes les autres variétés, s’accommode à merveille de sols secs et légers, où beaucoup de variétés laissent tomber leur fruit, tandis que dans un sol riche elle ne donne que des produits insipides[2]. Dans un verger sablonneux près de Shrewsbury, le prunier « Wine-sour » (Vin aigre), n’a jamais pu donner même une récolte moyenne, tandis qu’il produit abondamment dans d’autres parties du même comté, et dans celui du Yorkshire dont il est originaire. Une personne de ma connaissance a aussi essayé en vain d’élever cette variété dans un district sablonneux du Staffordshire.

  1. Gardener’s Chronicle, 1855, p. 726.
  2. Downing, O. C., p. 278.