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PLANTES CULINAIRES.

tous les pois à fleurs pourpres, les stipules sont marquées de rouge.

Dans les diverses variétés, une, deux ou plusieurs fleurs formant une petite grappe, sont portées sur un même pédoncule, différence qui chez quelques Légumineuses est regardée comme ayant une valeur spécifique. Dans toutes les variétés, les fleurs ne diffèrent que par la taille et la couleur. Elles sont généralement blanches, quelquefois pourpres, mais la couleur n’est pas constante dans une même variété. Dans la Warner’s Emperor, qui est de haute taille, les fleurs ont presque le double de celles du Pois nain hâtif, mais le Hair’s Dwarf Monmouth, qui a de grandes feuilles, a aussi de grandes fleurs. Le calice est grand dans la Victoria Marrow, et les sépales sont un peu étroits dans le Bishop’s Long Pod. Il n’y a pas de différences dans la fleur des autres sortes.

Les gousses et les graines, dont les caractères sont si constants dans les espèces naturelles, varient beaucoup dans les variétés cultivées du pois, ce qui doit être, puisque ce sont les parties recherchées, et celles auxquelles par conséquent on a appliqué la sélection. Les Pois sucrés ou Pois sans parchemin ont des gousses remarquablement minces, qu’on cuit et qu’on mange entières lorsqu’elles sont jeunes ; dans ce groupe, qui, d’après M. Gordon, comprend onze sous-variétés, c’est la gousse qui diffère le plus ; ainsi la variété de pois Lewis negro-podded (Pois de Lewis à gousse nègre), a une gousse droite, large, lisse et d’un pourpre foncé, à parois moins minces que dans d’autres sortes : dans une autre la gousse est fortement arquée ; celle du Pois géant est pointue à son extrémité ; et dans la variété à grandes cosses, on voit les grains si bien au travers de leur enveloppe que, lorsqu’elle est sèche, la gousse est à peine reconnaissable pour être celle d’un pois.

Dans les variétés ordinaires, les gousses diffèrent beaucoup par la grosseur et par la couleur ; — celles de la Woodford’s Green Marrow séchées, sont d’un vert clair au lieu d’être brun pâle, la couleur de la variété à gousses pourpres est celle qu’indique son nom ; — par l’état de la surface, celles de la Danecroft étant très-lisses, et celles de la Nec plus ultra, très-rugueuses, — les unes sont cylindriques, d’autres plates et larges ; — pointues à l’extrémité comme dans la Thurston’s Reliance, ou tronquées comme dans l’American Dwarf. Dans le Pois d’Auvergne, l’extrémité de la gousse est recourbée en dessus. Dans la Queen of Dwarfs et le Pois Scimitar, la gousse a une forme elliptique. Je donne ci-joints les dessins des quatre formes de gousses que j’ai trouvées les plus distinctes dans les plantes que j’ai moi-même cultivées.

Dans le pois lui-même nous avons presque toutes les teintes, depuis le blanc presque pur, jusqu’au brun, jaune, et vert intense ; dans les variétés du pois sucré on observe les mêmes teintes, et de plus le rouge passant par le pourpre, jusqu’au chocolat foncé. Les couleurs sont uniformes ou distribuées en taches, ou en raies, ou autrement ; elles dépendent dans quelques cas, de la coloration des cotylédons vus au travers de la pellicule propre du pois ; dans d’autres, de la couleur propre de celle-ci. Le nombre des grains contenus dans une gousse peut, d’après M. Gordon, varier de dix ou douze à quatre ou cinq seulement. Les plus gros grains sont à peu