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PLANTES CULINAIRES.

les choux-raves, aux tiges renflées au-dessus du sol en grosses masses semblables à des raves ; une forme toute récente de choux-raves[1], dont la partie renflée se trouve sous terre, comme dans le navet, et dont on compte déjà neuf sous-variétés.

Malgré les différences considérables que nous remarquons dans la forme, la couleur, la taille, la disposition, et le mode de croissance des tiges et des feuilles, ainsi que dans les pédoncules des fleurs du broccoli et du chou-fleur, il n’y a que fort peu et même pas de différences dans les fleurs elles-mêmes, les gousses et les graines[2]. J’ai comparé les fleurs de toutes les formes principales ; celles de la Couve Tronchuda sont blanches, et un peu plus petites que celles du chou commun ; celles du broccoli de Portsmouth, ont les sépales plus étroits, et les pétales plus petits et moins allongés, mais je n’ai pu déceler aucune différence dans les autres choux. Quant aux siliques, elles ne diffèrent que dans le chou-rave pourpre, par une forme un peu plus allongée et plus étroite qu’à l’ordinaire. J’ai réuni les graines de vingt-huit sortes différentes, dont la plupart ne pouvaient pas être distinguées les unes des autres, ou ne présentaient que des différences insensibles. Ainsi les graines de divers broccolis et choux-fleurs, prises en masse, étaient un peu plus rouges ; celles du chou vert d’Ulm précoce un peu plus petites ; celles du chou Bréda un peu plus grandes que d’habitude, mais pas plus que celles du chou sauvage des côtes du pays de Galles.

Mais quel contraste si nous comparons les tiges, feuilles, fleurs, siliques et graines des diverses sortes de choux, avec les parties correspondantes de nos variétés de froment et de maïs ! L’explication en est évidente : dans les céréales on n’estime que les graines, et c’est sur leurs variations qu’on a fait porter la sélection : dans les choux au contraire, on a complètement négligé les graines, leurs enveloppes et les fleurs, tandis qu’on a remarqué et conservé les variations utiles qu’ont pu présenter les tiges et les feuilles, depuis une époque fort reculée, car les anciens Celtes cultivaient déjà les choux[3].

Il est inutile de donner la classification et la description[4] des nombreuses races, sous-races et variétés du chou, je me bornerai à mentionner le système récemment proposé par le Dr Lindley[5], et basé sur l’état du développement des bourgeons foliifères, terminaux et latéraux, ainsi que des bourgeons florifères. Ainsi, 1o tous les bourgeons foliifères actifs et ouverts comme dans le chou sauvage, etc. ; 2o tous les bourgeons foliifères actifs, mais formant des capitules, choux de Bruxelles, etc. ; 3o bourgeon foliifère terminal seul actif, formant une tête, comme dans le chou commun, le chou de Savoie, etc. ; 4o bourgeon foliifère terminal seul actif et ouvert, la plupart des fleurs étant avortées et succulentes, choux-fleurs et broc-

  1. Journ. de la Soc. imp. d’Horticulture, 1855, p. 254.
  2. Godron, O. C., t. II, p. 52. — Metzger, Syst. Beschreibung der Kult. Kohlarien, 1833, p. 6.
  3. Regnier, de l’Économie publique des Celtes, 1818, p. 438.
  4. Aug. P. de Candolle, Transactions of Hort. Soc., vol. v. — Metzger, O. C.
  5. Gardener’s Chronicle, 1859, p. 992.