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LEUR ORIGINE.

sont très-peu abondants ; déjà à cette époque il existait différentes races, telles que chiens courants, chiens de garde, bichons, etc. ; mais qui, pour la plupart, comme le fait remarquer le docteur Walther, sont impossibles à reconnaître avec certitude. Toutefois Youatt donne le dessin d’une fort belle sculpture provenant de la villa Antonina et représentant deux jeunes lévriers. On trouve figuré sur un monument assyrien datant d’environ 640 avant Jésus-Christ, un énorme dogue[1], semblable à ceux que, d’après sir H. Rawlinson, on importerait encore dans le même pays. J’ai parcouru les magnifiques ouvrages de Lepsius et Rosellini, et y ai trouvé la représentation de plusieurs variétés de chiens sur les monuments de la quatrième à la douzième dynastie, c’est-à-dire de l’an 3400 à 2100 avant Jésus-Christ. La plupart se rapprochent du lévrier ; cependant vers la dernière période se trouve figuré un chien ressemblant à un chien courant, à oreilles pendantes, mais ayant le dos plus allongé et la tête plus pointue que les nôtres. Il y a aussi un basset à jambes courtes et torses, très-analogue à la variété existante ; mais ce genre de monstruosité est si commun chez divers animaux, comme chez le mouton Ancon, et d’après Rengger, chez le jaguar du Paraguay, qu’il serait peut-être téméraire de regarder l’animal représenté sur les monuments comme la souche de tous nos bassets ; le colonel Sykes[2] a aussi décrit un chien pariah indien qui présentait le même caractère monstrueux. Le chien le plus ancien figuré sur les monuments égyptiens est un des plus singuliers ; il ressemble à un lévrier, mais a les oreilles longues et pointues et la queue courte et recourbée ; il en existe encore dans l’Afrique du Nord une variété assez voisine, car M. E. Vernon Harcourt[3] raconte que le chien avec lequel les Arabes chassent le sanglier, est un animal hiéroglyphique et bizarre, comme celui avec lequel les

    soin tous les ouvrages classiques sur ce sujet. Voir aussi Volz, Betiräge zur Kultur-Geschichte, Leipzig, 1852, p. 115. — Youatt, The Dog, 1845, p. 6. — De Blainville en donne une histoire très-complète dans son Ostéographie, Canidœ.

  1. J’ai vu des dessins de ce chien d’après le tombeau du fils d’Esar Haddon, et des modèles du British Museum. Nott et Gliddon, dans leurs Types of Mankind, 1854, p. 393, donnent une copie de ces dessins. On a regardé ce chien comme un dogue du Thibet, mais M. A. Oldfield, qui connaît le vrai dogue du Thibet, m’assure, après avoir examiné les dessins du British Museum, qu’il considère les individus figurés comme différents.
  2. Proc. Zoolog. Soc. Juillet 12, 1831.
  3. Sporting in Algeria, p. 51.