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POISSONS DORÉS.

tête[1]. Il semblerait que la huppe fût due à quelques conditions morbides, qui s’accroissent au point de devenir nuisibles, lorsque les deux parents en sont pourvus. On connaît une race à pattes emplumées, et une autre qui porte le long du poitrail une sorte de fraise. Il est un autre caractère qui mérite d’être signalé, parce qu’il n’existe que pendant une période de la vie de l’oiseau, et est rigoureusement héréditaire à cette même période, c’est, chez les canaris de prix, la couleur des rémiges, et des rectrices, qui sont noires jusqu’à la première mue : après celle-ci, cette particularité disparaît[2]. Les canaris diffèrent beaucoup par leur naturel et un peu par leur chant. Ils pondent trois ou quatre fois par an.

POISSONS DORÉS.

En dehors des mammifères et des oiseaux, il n’y a que fort peu d’animaux appartenant aux autres grandes classes, qui aient été domestiqués, mais je crois nécessaire de dire quelques mots des poissons dorés, des abeilles et du bombyx du mûrier, pour montrer combien la loi, que les animaux, sortis de leurs conditions naturelles, sont sujets à varier et à former des races lorsqu’on leur applique la sélection, est générale.

Le poisson doré (Cyprinus auratus), n’a été introduit en Europe que depuis deux ou trois siècles ; mais on croit qu’en Chine, il a été conservé en captivité depuis une époque très-reculée. D’après les variations analogiques d’autres poissons, M. Blyth[3] a été conduit à soupçonner que les poissons dorés n’existent pas à l’état de nature. Ces poissons vivent souvent dans les conditions les moins naturelles, et leur variabilité de taille, de couleur et de quelques points importants de conformation, est considérable. M. Sauvigny en a décrit et publié des dessins coloriés de quatre-vingt-neuf variétés[4]. Plusieurs d’entre elles, comme celle à triple nageoire caudale, etc., devraient être regardées comme des monstruosités, bien qu’il soit difficile d’établir une ligne de démarcation précise, entre

  1. Bechstein, Naturg. der Stubenvögel, 1810, p. 243 ; p. 252 sur l’hérédité du chant des canaris. Pour leur calvitie, W. Kidd, Treatise on Song-Birds.
  2. W. Kidd, O. C., p. 18.
  3. Indian Field, 1858, p. 255.
  4. Yarrell, British Fishes, vol. I, p. 319.