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CHAPITRE PREMIER.

CHIENS ET CHATS DOMESTIQUES.


CHIENS, anciennes variétés. — Ressemblance, dans divers pays, entre les chiens domestiques et les espèces canines indigènes. — Absence de crainte chez les animaux qui ne connaissent pas l’homme. — Chiens ressemblant aux loups et aux chacals. — Acquisition et perte de la faculté d’aboyer. — Chiens sauvages. — Taches sus-oculaires feu. — Période de gestation. — Odeur désagréable. — Fertilité des chiens croisés. — Différences dans les diverses races dues en partie à la descendance d’espèces distinctes. — Différences dans le crâne et les dents. — Différences dans le corps et la constitution. — Différences peu importantes fixées par la sélection. — Action directe du climat. — Chiens à pattes palmées. — Historique des modifications graduellement exercées par sélection sur quelques races anglaises. — Extinction des sous-races moins améliorées.
CHATS, croisements avec plusieurs espèces. — Races différentes n’existant que dans des contrées séparées. — Effets directs des conditions de la vie. — Chats sauvages. — Variabilité individuelle.


Les nombreuses variétés domestiques du chien proviennent-elles d’une seule espèce sauvage, ou de plusieurs ? Tel est le point essentiel que nous avons à examiner dans ce chapitre.

Quelques auteurs pensent que toutes proviennent du loup ou du chacal, ou d’une espèce éteinte et inconnue. D’autres croient, et c’est l’opinion qui a prévalu dans ces derniers temps, qu’elles descendent de plusieurs espèces, récentes et éteintes, plus ou moins mélangées ensemble. Il est peu probable que nous parvenions jamais à déterminer avec certitude leur origine. La paléontologie[1] ne jette que peu de lumière sur la question, soit à cause de la grande analogie qu’offrent entre eux les crânes des loups et chacals vivants et éteints, soit à cause de la dissemblance qui se remarque entre les crânes des différentes races de chiens domestiques. Il paraît

  1. Owen, British fossil Mammals p. 123 à 133. — Pictet, Traité de Paléontologie 1853. t. I, p. 202. — De Blainville, dans son Ostéographie. Canidæ, p. 142, a longuement discuté le sujet, et conclut que l’ancêtre éteint de tous les chiens domestiques, se rapprochait plus du loup par son organisation, et du chacal par ses mœurs.