Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/323

Cette page a été validée par deux contributeurs.
307
OIES DOMESTIQUES.

celui de l’oie sauvage, cependant sa couleur ainsi que celle des pattes sont légèrement variables[1]. Ce dernier point est important, parce que la coloration des ces organes est fort utile pour la distinction des diverses formes sauvages, voisines les unes des autres[2]. On expose à nos concours deux races, celles d’Embden et de Toulouse, qui ne diffèrent absolument que par la couleur[3]. On a récemment importé de Sébastopol[4] une variété singulière, dont M. Tegetmeier m’a envoyé deux exemplaires, et qui est remarquable par ses plumes scapulaires très-allongées, frisées, et même tordues en spirale. Les bords de ces plumes ont un aspect duveteux par suite de la divergence des barbes et des barbules, et ressemblent un peu à celles qui garnissent le dos du cygne Australien noir. Ces plumes sont encore remarquables par leur tige centrale mince, transparente, et comme refendue en fins filaments qui, distincts sur une certaine étendue, se ressoudent plus loin ensemble. Ces filaments sont garnis régulièrement et de chaque côté d’un duvet fin ou de barbules, identiques à ceux qui se trouvent sur les vraies barbes des plumes. Cette structure des plumes se transmet aux métis. Dans le Gallus Sonneratii, les barbes et barbules se soudent ensemble, et forment ainsi de minces lames cornées de même nature que la tige ; dans cette variété de l’oie, la tige se divise en filaments qui portent des barbules et ressemblent par conséquent aux vraies barbes de la plume.

Bien que l’oie domestique diffère certainement de toutes les espèces sauvages connues, elle a cependant subi beaucoup moins de variations que la plupart des autres animaux domestiques, ce qui s’explique par le fait que la sélection lui a été peu appliquée. Une foule d’oiseaux offrant beaucoup de races distinctes, sont appréciés comme ornements ou comme favoris, ce qui n’a jamais été le cas pour l’oie, dont le nom même, dans plus d’une langue, est un terme de mépris. On apprécie dans l’oie sa taille, sa saveur et sa fécondité ; la blancheur de ses plumes augmente sa valeur ; c’est sur ces points, par lesquels

  1. W. Thompson, Nat. Hist. of Ireland, 1851, t. III, p. 31. — Je dois au Rev. E. Dixon les renseignements sur les variations des couleurs du bec et des pattes.
  2. Strickland, O. C., p. 122.
  3. Poultry Chronicle, vol. I, 1854, p. 498 ; vol. III, p. 210.
  4. Cottage Gardener, 4 Sept. 1860, p. 348.