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RACES GALLINES.

servations de M. Tegetmeier, une huppe très-développée concorde toujours avec une diminution considérable, ou même l’absence presque totale de la crête ; il en est de même pour les plumes sétiformes, en présence d’une barbe touffue. Ces cas paraissent rentrer dans la loi de compensation ou de balancement de croissance. Une grande barbe suspendue à la mâchoire inférieure, et une touffe sur la tête, vont souvent ensemble. Lorsque la crête présente des formes particulières, comme chez les races Cornue, Espagnole, ou de Hambourg, elle paraît affecter d’une manière correspondante la partie sous-jacente du crâne, ainsi que nous l’avons déjà constaté chez la race Huppée, dont la touffe de plumes est si développée. La saillie des os frontaux modifie beaucoup la forme de la boîte crânienne et celle du cerveau. La présence d’une huppe a aussi une influence inconnue sur le développement des branches montantes des maxillaires supérieurs, des apophyses internes des os nasaux, et sur la forme de l’orifice externe des narines. Une corrélation très-apparente et singulière existe entre la huppe de plumes et l’état d’ossification incomplet du crâne, et le fait est non-seulement vrai pour les races gallines Huppées, mais s’observe aussi chez les canards huppés, et d’après le Dr Günther, chez les oies huppées en Allemagne.

Enfin, dans les coqs Huppés, les plumes qui constituent la huppe ressemblent aux plumes sétiformes et diffèrent beaucoup, par leur forme, de celles des huppes de la poule. Le cou, les tectrices alaires, et les reins sont chez le mâle bien recouverts de plumes sétiformes, et il semblerait que les plumes de cette nature se soient, par corrélation, étendues jusque sur la tête du coq. Ce petit fait à de l’intérêt, parce que, quoique certains gallinacés sauvages portent dans les deux sexes les mêmes ornements céphaliques, il y a souvent une différence dans la dimension et la forme des plumes qui constituent leurs huppes. Dans quelques cas en outre, tels que dans les faisans mâles (Phasianus pictus et Amherstiæ), il y a de grands rapports de couleur et de structure entre les plumes de la tête et celles des reins. Il semblerait donc que l’état des plumes de la tête et du corps soit soumis à la même loi, aussi bien dans les espèces vivant dans leurs conditions naturelles, que dans celles qui ont varié sous l’action de la domestication.