Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.
291
CORRÉLATION DE CROISSANCE.

Dans la table II qui précède, les deux premières colonnes nous donnent en pouces et décimales la longueur du sternum, et la hauteur de sa crête, sur laquelle s’attachent les muscles pectoraux. Dans la troisième, sont inscrites les hauteurs de la crête du sternum, calculées d’après la longueur de l’os entier, et comparées à ces mêmes parties dans le G. Bankiva[1].

La troisième colonne nous montre que partout, le rapport de la hauteur de la crête à la longueur du sternum, a subi une diminution de 10 à 20 pour cent, de ce qu’il est dans le G. Bankiva, mais sa valeur varie beaucoup, probablement à cause de la fréquente déformation du sternum. Dans la poule Soyeuse, qui ne peut pas voler, la crête sternale est de 34 % moins haute qu’elle ne devrait l’être. On doit probablement attribuer à cette réduction de la crête dans toutes les races, la grande variabilité que nous avons déjà constatée dans la courbure de la fourchette, et dans la forme de son extrémité sternale. Les médecins attribuent la forme anormale de l’épine dorsale qui s’observe si fréquemment chez les femmes des hautes classes, au défaut d’exercice suffisant des muscles qui s’y attachent. Il en est de même de nos poules domestiques, dont les muscles pectoraux ne travaillent que fort peu ; car sur vingt-cinq sternums que j’ai examinés, je n’en ai vu que trois qui fussent parfaitement symétriques, dix étaient un peu tordus, et les douze derniers extrêmement difformes.


Nous devons, en résumé, et pour ce qui concerne les diverses races gallines, conclure que les principaux os de l’aile ont éprouvé un faible raccourcissement ; que dans toutes les races où les os des pattes ne sont pas devenus anormalement courts ou délicats, les os de l’aile se sont relativement à eux un peu allégés ; que la crête sternale, surface d’attache des muscles pectoraux, a invariablement diminué de hauteur, le sternum entier devenant aussi très-sujet à des déformations. Tous ces résultats peuvent être attribués au défaut d’usage des ailes.

Corrélation de croissance. — Voici quelques faits que j’ai pu recueillir sur ce sujet important, mais obscur. Chez les poules Cochinchinoises et de Combat, il y a quelque relation entre la couleur du plumage et l’intensité de la teinte de la coquille de l’œuf et même de celle du vitellus. Dans les Sultans, les pennes caudales supplémentaires en forme de faucille sont apparemment en relation avec l’abondance générale du plumage, se manifestant par une huppe et une barbe touffues, ainsi que par l’emplumage des pattes. J’ai remarqué l’atrophie de la glande huileuse dans deux oiseaux sans queue. D’après les ob-

  1. Cette troisième colonne est établie sur les mêmes calculs que ceux expliqués dans la note 73.