Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
RACES GALLINES.

propres à chaque race, il est évident que des conformations, telles que des doigts supplémentaires, doivent se former longtemps avant la naissance. Dans la race Huppée, la protubérance remarquable de la partie antérieure du crâne est bien développée chez le poulet avant sa sortie de l’œuf[1] ; mais la huppe qui repose sur cette protubérance est très-petite, et ne prend son développement complet qu’à la seconde année. Le coq Espagnol est remarquable par sa magnifique crête, qui se développe de très-bonne heure, ce qui permet déjà de distinguer les jeunes mâles à l’âge de quelques semaines seulement, par conséquent beaucoup plus tôt que dans les autres races ; ils commencent aussi à chanter de très-bonne heure, à six semaines environ. Dans la sous-variété Hollandaise, les lobules auriculaires blancs se développent plus tôt que dans la race Espagnole ordinaire[2]. Les Cochinchinois sont caractérisés par une petite queue, qui ne se développe chez les jeunes coqs qu’excessivement tard[3]. La race de Combat est connue pour son humeur querelleuse, et on voit les jeunes coqs chanter, frapper des ailes, et se battre entre eux avec obstination, pendant qu’ils sont encore sous la surveillance maternelle[4]. « J’ai vu souvent, dit un auteur[5], des couvées entières à peine emplumées, complètement aveuglées par le combat, et les couples rivaux réengager la lutte, aussitôt qu’après un temps de repos, ils commençaient à revoir la lumière. » Les mâles des gallinacés se livrent leurs combats pour la possession des femelles, de sorte que cette propension qu’ont les poulets de se battre aussi jeunes est non-seulement sans objet, mais leur est nuisible, parce qu’ils souffrent beaucoup de leurs blessures. Il se peut que cette disposition querelleuse dès le jeune âge, soit naturelle chez le G. Bankiva ; mais comme depuis bien des générations, l’homme a constamment choisi les coqs les plus belliqueux, il est plus probable que cette aptitude a été augmentée artificiellement, et transmise de même, et d’une manière précoce, aux jeunes mâles. Il est probable aussi que le développement extraor-

  1. Voir Proc. Zoolog. Soc., 1856, p. 366. — Pour le développement tardif de la huppe, voir Poultry Chronicle, vol. II, p. 132.
  2. Poultry Chronicle, III, p. 166 ; et Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 105 et 121.
  3. Dixon, Ornamental, etc., p. 273.
  4. Ferguson, On rare and Prize Poultry, p. 261.
  5. Mowbray, On Poultry, 7e édit., 1834, p. 13.