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RACES GALLINES.

différentes poules, lorsqu’elles ne sont pas trop nombreuses. La grosseur des œufs varie naturellement avec la taille de la race, mais cependant pas toujours dans une proportion rigoureusement exacte. Ainsi la race Malaise est plus grande que l’Espagnole, mais elle fait généralement des œufs moins gros ; les œufs des Bantams blancs sont plus petits que ceux des autres Bantams[1] ; par contre, d’après M. Tegetmeier, les poules Cochinchinoises blanches pondent des œufs plus grands que les Cochinchinoises blondes. Les œufs des diverses races offrent des caractères très-différents ; ainsi, M. Ballance[2] raconte que de jeunes poules Malaises de l’année précédente avaient pondu des œufs égaux en grosseur à ceux d’une cane, tandis que d’autres poules de même race, et âgées de deux ou trois ans, n’avaient donné que des œufs à peine plus gros que ceux d’une Bantam ordinaire. Les uns étaient aussi blancs que ceux d’une poule Espagnole, d’autres variaient d’une couleur crème claire, au chamois foncé ou même au brun. La forme varie aussi : dans les Cochinchinoises, les deux pôles de l’œuf sont plus également arrondis que dans les races de Combat ou Espagnole. Les œufs de cette dernière sont plus lisses, ceux de la Cochinchinoise sont généralement grenus, et leur coquille est, ainsi que celle des œufs de la race Malaise, plus épaisse que celle des races de Combat et Espagnole ; on assure qu’il en est de même pour une sous-race de cette dernière, celle de Minorque[3]. Les œufs varient beaucoup par la couleur : — ils sont chamois chez les Cochinchinoises, un peu plus pâles chez les Malaises, et encore plus pâles chez les poules de Combat. Il paraîtrait que les œufs de coloration plus foncée caractérisent les races récemment importées d’Orient, ou celles qui sont encore très-voisines des races vivant actuellement dans cette région. D’après Ferguson, la couleur du jaune ainsi que celle de la coquille diffèrent un peu dans les variétés de la race de Combat et paraissent être, à quelque degré, en corrélation avec la couleur du plumage. Je tiens de M. Brent que les poules Cochinchinoises, dont le plumage est sombre comme celui de la perdrix, pondent des œufs plus foncés que les autres variétés de la même race. La richesse et le goût de l’œuf diffèrent certainement, et la productivité varie aussi beaucoup suivant les races : les poules Espagnoles, Huppées et de Hambourg ont perdu l’instinct de l’incubation.

Poulets. — Comme tous les jeunes gallinacés, pendant qu’ils sont encore revêtus de leur duvet, portent des bandes longitudinales sur le dos, — caractère dont, à l’âge adulte, aucun des sexes ne conserve la moindre trace, — on pouvait s’attendre à trouver de semblables marques sur les poulets de toutes nos races domestiques[4], en exceptant cependant celles

  1. Ferguson, Rare Prize Poultry, p. 297. D’après ce que j’apprends, on ne peut pas, généralement, se fier à cet auteur. Il donne toutefois des figures et beaucoup de renseignements sur les œufs. Voir p. 34 et 235 sur ceux de la poule de Combat.
  2. Poultry Book, 1866, p. 78, 81.
  3. The Cottage Gardener, octobre 1855, p. 13. — Pour la minceur des œufs de la poule de Combat, voir Mowbray, On Poultry, 7e édit., p. 13.
  4. Les renseignements sur les poulets en duvet sont principalement extraits du livre de M. Dixon, Ornamental and domestic Poultry, et de communications par lettre que je dois à MM. B. P. Brent et Tegetmeier. J’indiquerai donc par le nom entre parenthèses mon autorité