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DIFFÉRENCES ENTRE LES RACES.

réunir autant de figures, il doit probablement avoir cherché à se procurer des échantillons caractéristiques. Quoi qu’il en soit, la poule Soyeuse existait déjà alors dans l’état où elle est aujourd’hui, ainsi que la race frisée ou à plumes renversées. M. Dixon[1] regarde la variété de Padoue d’Aldrovande, comme une variété de la race Huppée ; mais M. Brent croit quelle était plus voisine de la race Malaise. En 1656, P. Borelli a signalé les particularités anatomiques du crâne de la race Huppée. Je puis ajouter qu’une sous-variété de cette race, celle à plumage doré et pailleté, était connue en 1737 ; mais, à en juger par la description d’Albin, la crête était alors plus grande, la huppe beaucoup plus petite, la poitrine plus grossièrement tachetée, et l’abdomen et les cuisses plus noirs. Dans ces conditions, un coq Huppé pailleté-doré serait aujourd’hui sans valeur.

Différences dans les conformations externes et internes des diverses races : Variabilité individuelle. — Les races gallines ont été soumises à des conditions extérieures très-diverses, et nous venons de voir que le temps pendant lequel elles ont pu subir leur action, jointe à celle de la sélection inconsciente, a été amplement suffisant pour déterminer une variabilité considérable. Comme il y a de fortes raisons pour croire que toutes les races descendent du G. Bankiva, une description détaillée des principaux points de différence qu’on peut constater entre elles, ne sera pas inutile. Après les œufs et les poulets, nous examinerons les caractères sexuels secondaires, et ensuite les divergences dans la conformation extérieure, et dans celle du squelette. Les détails qui suivent, ont surtout pour but de montrer à quel point, sous l’influence de la domestication, presque tous les caractères ont pu devenir variables.


Œufs. — D’après les observations de M. Dixon[2], à chaque poule correspondent quelques particularités individuelles dans la forme, la couleur ou la grandeur de son œuf, qui ne changent pas sa vie durant, tant qu’elle est en bonne santé, et qui sont aussi familières à ceux qui s’occupent de l’élevage de ces gallinacés, et se reconnaissent aussi facilement qu’on reconnaît l’écriture d’une personne de connaissance. Je crois ceci généralement vrai, et qu’on peut, en effet, presque toujours distinguer les œufs de

  1. Ornamental and domestic Poultry, 1847, p. 185 ; — Passages traduits de Columelle, p. 312. — Pour les Hambourgs dorés, voir Albin, Natural History of Birds, 3 vol., avec planches ; 1731–38.
  2. Ornamental and domestic Poultry, p. 152.