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RACES GALLINES.

ont pris en vieillissant quelques plumes noires. Une poule provenant de la poule de Combat blanche, fut d’abord, pendant assez longtemps, entièrement noire et lustrée de vert, puis, à l’âge de deux ans, prit quelques rémiges primaires d’un blanc grisâtre, et une grande partie des plumes de son corps devinrent symétriquement et fortement piquetées de blanc. J’avais pensé que, pendant qu’ils avaient leur duvet, quelques-uns des poulets auraient présenté les raies longitudinales qui sont si générales chez les jeunes gallinacés ; mais cela n’est pas arrivé une seule fois. Deux ou trois étaient d’un brun rougeâtre autour de la tête. Ayant malheureusement perdu presque tous les poulets blancs des premiers croisements, la couleur noire a prévalu dans les produits de la seconde génération, mais avec beaucoup de variété ; quelques-uns étaient enfumés, d’autres marbrés ; un poulet noirâtre avait entre autres ses plumes bizarrement terminées et barrées de brun.

J’ajouterai quelques faits mélangés se rattachant soit au principe du retour, soit à celui des variations analogiques. Ce dernier, comme nous l’avons déjà indiqué précédemment, en vertu duquel les variétés d’une espèce, ressemblent souvent à d’autres espèces voisines mais distinctes, s’explique, d’après ma manière de voir, par le fait que les espèces d’un même genre proviennent d’une forme primitive unique. La poule Soyeuse, à peau et os noirs, dégénère dans nos climats, comme l’ont observé M. Hewitt et M. Orton, c’est-à-dire, que sa peau et ses os reviennent graduellement à la couleur ordinaire des races communes, tout croisement ayant d’ailleurs été évité avec soin. On a observé en Allemagne[1] la même dégénérescence chez une race distincte à os noirs, et dont le plumage est noir, mais non soyeux.

M. Tegetmeier m’apprend, que lorsqu’on croise des races distinctes, il se produit fréquemment des individus, dont les plumes sont marquées de lignes transversales étroites d’une couleur plus foncée. Ce fait peut s’expliquer par un retour direct vers la forme souche, la poule Bankiva, chez laquelle tout le plumage supérieur est finement marbré d’un brun foncé ou rougeâtre, les marbrures étant en partie et obscurément

  1. Die Hühner- und Pfauenzucht, Ulm, 1827, p. 17. — Pour M. Hewitt, Poultry Book, par W. Tegetmeier, 1806, p. 222. — M. Orton m’a transmis sa communication par lettre.