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LEUR ORIGINE.

l’Asie, car MM. Blyth et Crawfurd, qui se sont occupés de cette question, doutent que le genre Gallus ait jamais existé à l’état sauvage aussi loin vers l’ouest que la Perse. Il est probable que, bien que les premiers auteurs grecs parlent du coq comme d’origine persane, il n’y a là qu’une indication de la direction générale de sa ligne d’importation. C’est vers l’Inde, l’Indo-Chine, et les parties nord de l’archipel Malais, que nous devons diriger nos recherches pour découvrir des espèces inconnues. Les parties méridionales de la Chine semblent les plus favorables, mais, ainsi que le remarque M. Blyth, on a depuis fort longtemps importé de Chine bien des peaux, et on conserve dans ce pays trop d’oiseaux vivants, pour qu’une espèce indigène de Gallus ait pu nous rester inconnue. D’après des passages d’une encyclopédie chinoise publiée en 1609, mais compilée d’après des documents plus anciens, et dont je dois la traduction à M. Birch, du British Museum, il résulte que les coqs sont des oiseaux venus de l’ouest, et introduits dans l’est (c’est-à-dire la Chine) sous une dynastie régnant 1400 ans avant Jésus-Christ. Quoi qu’on puisse penser de cette date reculée, nous voyons que les Chinois regardaient autrefois, comme la patrie des Gallinacés domestiques, les régions indiennes et indo-chinoises. C’est donc, d’après ces diverses considérations, vers les parties sud-est de l’Asie, la patrie actuelle du genre, que nous devrions chercher les espèces qui, actuellement inconnues à l’état sauvage, auraient été autrefois domestiquées ; mais les ornithologistes les plus expérimentés ne regardent pas cette découverte comme probable.

Dans ces considérations sur la possibilité de la provenance des races domestiques d’une espèce unique, le G. Bankiva, ou de plusieurs, il ne faut ni méconnaître ni exagérer l’importance de la fertilité comme critère de spécificité. La plupart de nos races ont été si fréquemment croisées, et leurs métis si abondamment produits, qu’il est presque impossible que le moindre degré d’infertilité eût pu passer inaperçu. D’autre part, nous avons vu que les quatre espèces connues de Gallus, croisées entre elles ou avec les races domestiques, ont, à l’exception du G. Bankiva, donné des métis inféconds.

Finalement, nous n’avons pas, pour le coq, une démonstration aussi évidente que pour le pigeon de la provenance de