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LEUR ORIGINE.

gique[1]. Sur cinq cents œufs, produits de croisements variés entre les G. Sonneratii, Bankiva, et varius, on n’a obtenu que douze poussins, dont trois seulement provenaient d’hybrides appariés inter se. Ces faits, joints aux différences marquées dont nous avons parlé plus haut, entre le G. Sonneratii et la poule domestique, doivent donc nous faire rejeter l’opinion que cette espèce soit la souche d’aucune race domestique.

On trouve à Ceylan un oiseau indigène, le G. Stanleyii, espèce qui, à l’exception de la crête, est si voisine des formes domestiques, que MM. E. Layard et Kellaert[2] l’auraient regardé comme une de leurs souches parentes, sans une différence très-singulière de sa voix. Comme le précédent, cet oiseau se croise avec les poules domestiques, et visite et ravage les fermes solitaires. Deux métis, mâle et femelle, produits d’un pareil croisement, se sont, d’après M. Mitford, montrés stériles, et avaient tous deux hérité de la voix particulière du G. Stanleyii. On ne peut donc encore pas regarder cette espèce comme une des souches des races domestiques.

À Java et dans les îles qui sont à l’est jusqu’à Flores, habite le G. varius (ou furcatus), mais qui est si distinct par plusieurs de ses caractères, — plumage vert, crête non dentelée, caroncule médiane unique, — que personne n’admet qu’il ait pu être une des souches de nos races domestiques. Cependant, d’après M. Crawfurd[3], on élève à cause de leur grande beauté, des métis du G. varius mâle et de la poule domestique, mais ils sont invariablement stériles. Il paraît pourtant qu’il n’en a pas été ainsi pour des métis obtenus au Jardin zoologique. Ces métis ont autrefois été regardés comme une espèce distincte, qu’on nommait G. æneus. M. Blyth et quelques autres, croient que le G. Temminckii[4], dont l’histoire est inconnue, est aussi un métis. Parmi quelques peaux de volailles domestiques que Sir J. Brooke m’avait envoyées de Bornéo, il s’en trouvait une dont la queue portait des bandes transversales bleues, semblables à celles qu’il avait remarquées sur les rectrices d’un métis du G. varius, élevé au Jardin zoologique. Ce fait semblerait indiquer que quelques oiseaux de Bornéo ont été affectés par un croisement avec le G. varius ; mais ce peut être aussi un cas de variation analogique. Je dois mentionner le G. giganteus, si souvent indiqué dans les ouvrages sur les Gallinacés comme une espèce sauvage ; mais Marsden[5], qui l’a décrit le premier, en parle comme d’une race apprivoisée ; et l’échantillon du British Museum a évidemment tout l’aspect d’une variété domestique.

Il nous reste à parler de la dernière espèce, le G. Bankiva, dont la distribution géographique est beaucoup plus étendue que celle des trois précédentes. Elle habite l’Inde du Nord jusqu’à Sinde à l’ouest ; l’Himalaya jusqu’à une hauteur de quatre mille pieds ; Burmah ; la péninsule Malaise,

  1. Mr S. J. Salter, Nat. Hist. Review, avril 1863, p. 276.
  2. Mr Layard, Annals and Magaz. of Nat. Hist. (2e série), t. XIV, p. 62.
  3. Crawfurd, Descriptive Dict. of Indian islands, 1856, p. 113.
  4. G. R. Gray, Proc. zool. Soc., 1819, p. 62.
  5. Cité par M. Dixon dans Poultry Book, p. 176. — Aucun ornithologiste ne regarde actuellement cet oiseau comme une espèce distincte.