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PIGEONS DOMESTIQUES.

quables, car chez le Bizet sauvage, on ne trouve à aucun âge de différences sensibles entre les deux sexes, et très-rarement dans toute la famille des Colombides[1].

CARACTÈRES OSTÉOLOGIQUES.

Il y a une grande variabilité dans les squelettes des différentes races ; et bien que quelques différences se présentent souvent, et d’autres rarement dans certaines races, il n’en est aucune qu’on puisse regarder comme caractérisant absolument une race donnée. Si nous considérons que les races domestiques fortement accusées, ont été principalement formées par la puissance de la sélection humaine, nous ne devons pas nous attendre à trouver dans le squelette de différences ni grandes ni constantes ; car les éleveurs ne voient ni ne s’inquiètent des modifications de conformation de la charpente intérieure. Nous ne devons pas non plus nous attendre à trouver des changements dans le squelette par suite de changements d’habitudes ; car à l’état domestique, les races les plus différentes sont toutes soumises au même régime, et ne sont ni libres d’errer à l’aventure, ni obligées de se procurer leur nourriture par des moyens divers. Au surplus, en comparant les squelettes des Columba livia, œnas, palumbus et turtur, que tous les classificateurs ont groupés sous deux ou trois genres distincts quoique voisins, je ne vois entre eux que des différences très-légères et certainement moindres que celles qu’on peut constater entre les squelettes des races domestiques les plus distinctes. Je ne puis apprécier le degré de constance du squelette du Bizet, n’ayant pu en examiner que deux.


Crâne. Les os pris individuellement, et surtout ceux de la base, ne diffèrent pas dans la forme. Mais le crâne entier, par son contour, ses proportions et les rapports réciproques des os, diffère beaucoup dans quelques races, comme le montre la comparaison des figures du Bizet (A), du Cul-

  1. Prof. A. Newton, Proc. Zool. Soc., 1865, p. 716, dit qu’il ne connaît aucune espèce présentant quelque distinction sexuelle remarquable ; mais il est signalé dans Nat. Lib. Birds, vol. IX, p. 117, que l’excroissance de la base du bec du Carpophaga oceanica est sexuelle ; ce fait, s’il est exact, constituerait un point intéressant d’analogie avec le Messager mâle, dont les caroncules de la base du bec sont beaucoup plus développés que chez la femelle. M. Wallace m’apprend que dans la sous-famille des Treronidae, les sexes diffèrent souvent entre eux par l’éclat des couleurs.