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PIGEONS DOMESTIQUES.

Bechstein[1] décrit et figure cet oiseau avec une queue ayant tout à fait la structure de celle de l’hirondelle, il faut qu’il ait une fois existé, car cet auteur était trop bon naturaliste pour avoir pu confondre une espèce distincte avec un pigeon domestique.

Enfin, on a dernièrement exposé à la société Philoperisteron de Londres[2], un pigeon extraordinaire importé de Belgique, qui réunissait la couleur d’un Archange à la tête du Pigeon Hibou ou Barbe, et dont le caractère le plus frappant était la longueur des pennes caudales et alaires, celles-ci se croisant au delà de la queue, et donnant à l’oiseau l’apparence d’un martinet gigantesque, ou d’un faucon à longues ailes. M. Tegetmeier m’apprend que cet oiseau ne pesait que 10 onces, avait 15 pouces 1/2 de longueur du bout du bec à l’extrémité de la queue, et 32 pouces 1/2 d’envergure ; le Bizet sauvage pèse 14 onces 1/2, mesure 15 pouces de l’extrémité du bec à celle de la queue, et n’a que 26 pouces 3/4 d’envergure.


J’ai maintenant décrit tous les Pigeons domestiques qui me sont connus, en en ajoutant quelques-uns d’après des autorités dignes de foi. Je les ai classés en quatre groupes (dont le troisième est artificiel), pour marquer leurs affinités réciproques et leurs degrés de différences. Les divers Pigeons que j’ai examinés forment onze races, comprenant plusieurs, sous-races et présentant entre elles des différences auxquelles, s’il s’était agi d’animaux à l’état de nature, on aurait certainement attribué une valeur spécifique. Les sous-races comprennent de même bien des variétés constantes et héréditaires, de sorte que, comme nous l’avons déjà dit antérieurement, il doit exister environ 150 sortes de Pigeons qu’on peut bien distinguer, quoique pour la plupart par des caractères de faible importance. Un grand nombre des genres admis par les ornithologistes dans les Colombides, ne différant que peu les uns des autres, il n’est pas douteux que plusieurs de nos formes domestiques bien caractérisées, trouvées à l’état sauvage, n’eussent donné lieu à la formation d’au moins cinq genres nouveaux. Ainsi on en aurait établi un pour recevoir le Grosse-gorge anglais amélioré : un second pour les Messagers et les Runts, genre qui eût été étendu, car il eût dû comprendre les Runts espagnols ordinaires sans peau verruqueuse, les Becs-courts comme le Tronfo, et le Messager anglais amélioré. Un troisième genre eût dû être créé pour le Barbe, un quatrième

  1. Naturgeschichte Deutschlands, vol. IV, p. 47.
  2. W.-B. Tegetmeier : Journal of Horticulture, 20 janv., 1863, p. 58.