Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
DESCRIPTION DES RACES.

sécurité considérer comme l’ancêtre commun de toutes nos races artificielles le Bizet (C. livia), en comprenant sous ce nom deux ou trois sous-espèces ou races géographiques très-voisines, et que nous décrirons ultérieurement. Les noms en italiques du côté droit du tableau indiquent les races les plus distinctes, ou celles qui ont subi la somme la plus considérable de modifications. La longueur des lignes ponctuées représente grossièrement le degré de différence entre chaque race et la souche mère, et les noms placés les uns sous les autres dans les colonnes indiquent les formes qui de plus ou moins près les relient entre elles. L’écartement des lignes ponctuées représente approximativement l’étendue des différences entre les diverses races.

GROUPE I.

Ce groupe ne comprend que la race des Grosses-gorges dont la sous-race la plus fortement caractérisée, le Grosse-gorge anglais amélioré, est peut-être, de tous les pigeons domestiques, le plus distinct.

Race I. — Pigeons Grosses-gorges (Pouter Pigeons, Kropf-Tauben, Boulants).
Œsophage très-grand, à peine distinct du jabot, souvent gonflé. Corps et membres allongés. Bec de dimensions moyennes.

Sous-Race I. — Le Grosse-gorge anglais amélioré offre un aspect réellement étonnant lorsque son jabot est complètement distendu. Tous les Pigeons domestiques ont l’habitude de gonfler un peu leur jabot, mais cette faculté est poussée à l’extrême chez le Grosse-gorge. Le jabot ne diffère de celui des autres Pigeons que par ses dimensions, mais il est moins nettement séparé de l’œsophage, dont la partie supérieure a un diamètre énorme, même tout près de la tête. J’ai eu en ma possession un de ces oiseaux dont le bec disparaissait entièrement quand le jabot était complètement distendu. Les mâles, surtout quand ils sont excités, se gonflent plus que les femelles, et paraissent tout glorieux de cette faculté. Lorsque l’oiseau refuse de « jouer, » selon le terme technique, on peut, comme je l’ai vu faire, en lui soufflant dans le bec, le gonfler comme un ballon, et ainsi plein d’air et d’orgueil, il se pavane en cherchant à conserver sa grosseur le plus longtemps possible. Les Grosses-gorges prennent souvent leur vol avec leur jabot ainsi dilaté ; j’ai vu un des miens, après avoir avalé une bonne portion de petits pois et d’eau, s’envoler pour porter cette nourriture à ses petits, et j’en-