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LAPINS DOMESTIQUES.

Les troisièmes cervicales diffèrent encore plus dans les deux races si on compare les surfaces articulaires antérieures (b, B b) ; les apophyses antéro-dorsales ont leurs extrémités simplement arrondies dans le lapin sauvage, tandis qu’elles sont trifides dans le lapin à oreilles pendantes, et fortement évidées au centre. Dans ce dernier, le canal médullaire (B b) est plus étendu que chez l’espèce sauvage dans le sens transversal, et les trous des artères ont une forme un peu différente. Ces différences dans les vertèbres me paraissent mériter l’attention.

Première vertèbre dorsale. — La longueur de son apophyse dorsale varie chez le lapin sauvage ; elle est quelquefois très-courte, mais généralement elle a la moitié de la longueur de celle de la seconde dorsale ; dans deux lapins à oreilles pendantes, je l’ai trouvée égale aux trois quarts de celle de la seconde dorsale.

Neuvième et dixième dorsales. — Dans le lapin sauvage, l’apophyse dorsale de la neuvième vertèbre est un peu plus épaisse que celle de la huitième, et celle de la dixième est nettement plus épaisse et plus courte que celle de toutes les vertèbres antérieures. Dans les lapins à oreilles pendantes, les apophyses dorsales des dixième, neuvième, huitième, et à un faible degré celle de la septième, sont plus épaisses et de forme différente que celles du lapin sauvage. Cette partie de la colonne épinière diffère donc passablement par son apparence de celle du lapin sauvage, et ressemble singulièrement aux mêmes vertèbres dans quelques espèces de lièvres. Dans les lapins Angoras, Chinchillas et Himalayens, les apophyses dorsales des huitième et neuvième vertèbres sont un peu plus épaisses que dans l’espèce sauvage. D’autre part, dans un des lapins de Porto-Santo, qui pour la plupart de ses caractères dévie du lapin sauvage, précisément en sens inverse du lapin à oreilles pendantes, les apophyses dorsales des neuvième et dixième vertèbres n’étaient pas plus grandes que celles des vertèbres qui les précèdent. Dans ce même individu de Porto-Santo, la neuvième vertèbre ne portait aucune trace des apophyses antéro-latérales (fig. 14) qui sont bien développées dans tous les lapins sauvages anglais, et plus encore dans les races à oreilles pendantes. Dans un lapin demi-sauvage de Sandon Park[1], une apophyse ventrale assez bien développée se trouvait sur la face inférieure de la douzième vertèbre dorsale, ce que je n’ai vu nulle part ailleurs.

Vertèbres lombaires. — J’ai constaté, dans deux cas, huit au lieu de sept vertèbres lombaires. Dans un squelette de lapin sauvage commun, et dans celui d’un lapin de Porto-Santo, j’ai trouvé une apophyse ventrale sur la troisième vertèbre lombaire ; cette même vertèbre portait une semblable apophyse bien développée dans quatre squelettes de lapins à oreilles pendantes et dans l’Himalayen.

Bassin. — Dans quatre individus sauvages, cet os était presque iden-

  1. Ces lapins sont devenus sauvages depuis fort longtemps dans ce parc, et dans d’autres endroits du Straffordshire et du Shropshire. Ils descendent, à ce que m’a dit le garde, de lapins domestiques de toutes couleurs qu’on y a lâchés ; beaucoup ont des couleurs symétriques, et sont blancs avec une bande le long de l’épine, les oreilles et quelques marques sur la tête gris noirâtre. Ils ont le corps plus long que les lapins communs.