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LAPINS DOMESTIQUES.

plate-forme élevée de l’occiput[1], au lieu d’être tronquée ou faiblement saillante comme dans le lapin sauvage, est pointue chez le lapin à grandes
Fig. 8. — Partie de l’arcade zygomatique, montrant l’extrémité de l’os malaire et le méat auditif, de grandeur naturelle. — Lapin sauvage, figure supérieure — Lapin à oreilles pendantes, figure inférieure.
oreilles (fig. 9C). Relativement à la grosseur du crâne, les apophyses mastoïdiennes sont généralement plus épaisses que dans le lapin sauvage.

Le trou occipital (fig. 10) présente quelques différences remarquables : dans le lapin sauvage, son bord inférieur entre les condyles est fortement excavé, et le bord supérieur porte une profonde entaille carrée ; d’où l’axe vertical est plus grand que le transversal. Dans les lapins à grandes oreilles, c’est l’axe transversal qui excède l’axe longitudinal, car dans aucun de leurs crânes le bord inférieur n’est aussi profondément échancré entre les condyles ; cinq n’offraient aucune trace de l’entaille carrée supérieure ; dans trois, l’entaille était légèrement indiquée, et dans deux elle était bien développée. Ces différences dans la forme du trou occipital sont remarquables, car c’est lui qui livre passage à la moelle épinière, quoiqu’il n’y ait pas apparence que le contour de celle-ci soit affecté par la forme de l’orifice osseux.

Dans tous les crânes des lapins à grandes oreilles, le méat auditif osseux est notablement plus
Fig. 9. — Extrémité postérieure du crâne, montrant l’os inter-pariétal. — A. Lapin sauvage. — B. Lapin de Porto-Santo. — C. Lapin à grandes oreilles, grandeur naturelle.
grand que dans l’espèce sauvage. Sur un crâne ayant 4.3 de pouce de longueur, et dépassant à peine en largeur le crâne d’un lapin sauvage (long de 3.15 de pouce), le plus grand diamètre du méat était exactement du double. L’orifice est plus comprimé, son bord intérieur est plus élevé que l’extérieur, et dans son ensemble le méat auditif est porté plus en avant. Comme en élevant ces lapins on cherche avant tout la longueur des oreilles, la chute qui en est la suite et leur position pendante le long des joues, il n’y a pas de doute que les modifications dans la grandeur, la forme et la direction du méat auditif ne soient dues à la sélection continue des individus ayant les oreilles toujours de plus en plus grandes. L’influence de l’oreille externe sur le conduit osseux se voit bien sur les crânes des demi-lopes (voir fig. 5), chez lesquels une des oreilles étant droite et l’autre, la plus longue, pendante, on remarque sur le crâne une différence très-ap-

  1. Waterhouse, Nat. Hist. Mammalia, vol. ii, p. 36.