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PRÉFACE.

classes : ceux-ci, sur la terre ferme, aux insectes, ceux-là, au bord de la mer, aux types si intéressants que recèle l’Océan. Ah ! que nous sommes encore loin du temps où une minime partie seulement des deniers publics, dévorés aujourd’hui par la création d’instruments de destruction incessamment perfectionnés, sera vouée au noble but de l’avancement des sciences !

Qu’on me permette un dernier mot. La théorie de M. Darwin, les conséquences qui en découlent, les vues qui dirigent actuellement les recherches dans les sciences exactes en général, ont été l’objet de beaucoup d’attaques. Rien de mieux ! Les partisans de M. Darwin auraient mauvaise grâce en effet à refuser le combat, lorsque la base de leur croyance est la lutte sans trêve ni merci pour l’existence, et quand ils prouvent que chaque modification, transformation ou perfectionnement est le prix de cette bataille à laquelle nulle créature vivante ne saurait se soustraire. Qu’on oppose aux faits des faits, aux conclusions des conclusions, aux conséquences des conséquences : c’est là ce que nous demandons, c’est le terrain que nous acceptons.

Mais nous sommes en droit d’exiger que l’on reste dans la série des faits positifs et de leurs conséquences, et qu’on ne vienne pas nous jeter à la face ni l’injure personnelle, ni une prétendue ignorance, ni la raison d’État, ni même les autorités surannées, qui ne peuvent plus être invoquées. Que dirait un astronome, si un homme, lettré au fond, mais complètement dépourvu de connaissances en mathématiques et en mécanique, venait l’attaquer en soutenant que tous les