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LAPINS DOMESTIQUES.

rences dans leurs mœurs, soutinrent énergiquement leur distinction spécifique. Leur origine est maintenant bien connue. En 1857[1], un auteur annonça qu’il avait produit des lapins himalayens comme suit. Mais il nous faut d’abord décrire brièvement deux autres races. Les lapins gris argenté ont généralement la tête et les pattes noires, et leur belle fourrure grise est parsemée de nombreux poils longs, noirs et blancs. Ils se reproduisent fidèlement et sont depuis longtemps conservés dans les garennes. Lorsqu’ils s’échappent, et se croisent avec le lapin commun, les produits, ainsi que me l’apprend M. Wyrley Birch, de Wretham-Hall, ne sont point un mélange des deux couleurs, mais tiennent les uns d’un des parents, les autres de l’autre. Secondement, la race chinchilla a une fourrure plus courte, plus pâle, de couleur souris ou ardoisée, parsemée de longs poils noirâtres ardoisés, et de poils blancs[2]. Ces lapins se reproduisent fidèlement. Or, l’auteur auquel nous avons fait allusion possédait une race de chinchillas qui avait été croisée avec le lapin noir ordinaire ; ce croisement donna comme produits des lapins noirs et des chinchillas. Ceux-ci furent recroisés avec d’autres chinchillas (qui avaient eux-mêmes été croisés avec des gris argenté), et les résultats de ces croisements compliqués furent des lapins himalayens. D’après ces documents et d’autres semblables, M. Bartlett[3], ayant entrepris des essais suivis au Jardin zoologique, trouva qu’en croisant simplement les chinchillas avec les lapins gris argenté, il obtenait toujours quelques himalayens ; et que ces individus, malgré leur brusque origine, maintenus séparés, se reproduisaient en transmettant fidèlement leur type.

À leur naissance, les himalayens sont entièrement blancs, et de vrais albinos ; mais ils acquièrent graduellement au bout de peu de mois leur coloration des oreilles, du museau, des pieds et de la queue. D’après M. W. A. Wooler et le rév. W. D. Fox, il paraît qu’occasionnellement ils sont à leur naissance d’un gris pâle, et j’en ai reçu des échantillons du premier de ces messieurs. Cette teinte disparaît toutefois à mesure que l’ani-

  1. Cottage Gardener, 1857, p. 141.
  2. Journal of Horticulture, 1861, p. 35.
  3. Bartlett, Proc. zool. Soc.., 1861, p. 40.