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RÉSERVOIRS D’EAU.

l’extrémité opposée. Une tranche assez épaisse d’un tubercule est presque aussi transparente que le verre, et se compose de grandes cellules angulaires remplies d’eau qui ne contiennent ni amidon, ni matière solide. J’ai plongé quelques tranches de rhizome dans l’alcool, et je les y ai laissées pendant plusieurs jours. Quelques granules extrêmement petits se précipitèrent sur les parois des cellules ; mais ces granules étaient beaucoup plus petits et en bien moins grand nombre que ceux précipités, à la suite du même traitement, sur les parois des cellules des rhizomes et des vessies. Nous pouvons en conclure que les tubercules ne servent pas de réservoir pour l’alimentation de la plante, mais tout simplement de réservoir d’eau pour l’usage de la plante pendant la saison sèche. Les nombreuses petites vessies remplies d’eau jouent probablement en partie le même rôle.

Pour m’assurer de la vérité de cette hypothèse, j’arrosai abondamment une petite plante qui poussait dans de la terre légère, dans un pot n’ayant que 4 pouces 1/2 sur 4 pouces 1/2, mesure extérieure ; puis je le plaçai dans la serre, en ayant soin de ne jamais lui donner une goutte d’eau. J’avais eu soin de découvrir d’abord deux des tubercules supérieurs et de les mesurer, puis je les avais recouverts d’un peu de terre. Au bout de quinze jours, la terre du pot était devenue extrêmement sèche ; toutefois, les feuilles ne furent pas affectées jusqu’au trente-cinquième jour ; mais alors elles s’infléchirent quelque peu, bien qu’en restant encore molles et vertes. Cette plante, qui ne portait que dix tubercules, aurait sans doute résisté plus longtemps à la sécheresse, si je n’avais précédemment enlevé trois tubercules et coupé plusieurs longs rhizomes. Le trente-cinquième jour j’enlevai la terre du pot ; elle était alors aussi sèche que de la poussière. La surface des tubercules, au lieu d’être polie et tendue comme à l’ordinaire, était toute ridée. Ils s’étaient tous