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SÉCRÉTION, ABSORPTION, DIGESTION.

neuf heures. Les glandes chez lesquelles la sécrétion avait été ainsi excitée se desséchèrent bientôt et ne recommencèrent pas à sécréter jusqu’au sixième jour. Je plaçai alors sur une feuille un morceau plus gros d’amidon ; il n’avait provoqué aucune sécrétion au bout de cinq heures trente minutes, mais, au bout de huit heures, les sécrétions devinrent abondantes, et elles augmentèrent si considérablement pendant les vingt-quatre heures suivantes, qu’elles couvrirent la feuille sur un espace de 3/4 de pouce. Cette sécrétion, bien que si abondante, n’était pas du tout acide. Cependant cette abondance et le fait que des graines adhèrent fréquemment aux feuilles de plantes à l’état sauvage me firent penser que les glandes ont peut-être la faculté de sécréter un ferment semblable à la ptyaline, capable de dissoudre l’amidon ; j’observai donc avec soin, pendant plusieurs jours, les six parcelles dont je viens de parler, mais leur volume ne me sembla pas du tout réduit. Je plongeai aussi une parcelle d’amidon dans un petit amas de sécrétion provoquée par un morceau de feuille d’épinard ; je l’y laissai pendant deux jours, mais bien que la parcelle fût très-petite, je n’observai aucune diminution de volume. Nous pouvons conclure de ces faits que la sécrétion n’a pas le pouvoir de dissoudre l’amidon. Je crois donc que l’on peut attribuer à l’exosmose l’augmentation de sécrétion causée par cette substance. Toutefois, je suis surpris que l’amidon, bien que sous ce rapport inférieur au sucre, ait agi si rapidement et avec tant d’énergie. On sait que les colloïdes possèdent un léger pouvoir de dialyse ; si l’on place des feuilles de Primula dans l’eau et d’autres dans du sirop ou dans de l’amidon dissous, celles qui sont placées dans l’amidon deviennent flasques, mais à un degré moindre et avec moins de rapidité que celles qui sont placées dans le sirop ; celles qui sont plongées dans l’eau pendant le même laps de temps conservent leur aspect ordinaire.

Les expériences et les observations que nous venons de rapporter prouvent que les corps qui ne contiennent pas des substances solubles n’exercent que peu ou pas d’action sur les glandes au point de vue de la sécrétion. Les liquides non azotés, à condition qu’ils soient denses, provoquent chez les glandes d’abondantes sécrétions de liquides visqueux, mais pas du tout acides. D’autre part, les sécrétions provoquées par le contact des glandes avec des solides ou des liquides azotés sont toujours acides et