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SÉCRÉTION, ABSORPTION, DIGESTION.

dantes ; un amas de sécrétion se forma autour du morceau placé près du bord, et il diminua beaucoup plus de volume que celui placé sur le milieu du limbe ; toutefois, il n’était pas encore complètement dissous au bout de quatre jours. Le gluten exerce donc une action très-énergique chez les glandes, mais il est dissous avec beaucoup de difficulté ; or, c’est exactement là ce qui arrive chez le Drosera. Je regrette de n’avoir pas expérimenté sur cette substance, après l’avoir trempée dans de l’acide chlorhydrique étendu d’eau, car elle se serait probablement, dans ce cas, dissoute plus rapidement.

9. — Je plaçai sur une feuille un petit morceau carré très-mince de gélatine pure humectée d’eau. Cette substance, au bout de cinq heures trente minutes, n’avait excité que peu de sécrétions, mais elles allèrent en augmentant. Au bout de vingt-quatre heures, le morceau tout entier était complètement liquéfié, ce qui ne serait pas arrivé si je l’avais laissé dans l’eau. Le liquide était acide.

10. — De petits morceaux de caséine, préparée chimiquement, excitèrent des sécrétions acides, mais ne furent pas complètement dissous au bout de deux jours, et les glandes commencèrent alors à se dessécher. D’après ce que nous avons vu de l’action du Drosera sur cette substance, on ne pouvait pas s’attendre à une dissolution complète.

11. — Je plaçai sur une feuille des petites gouttes de lait écrémé qui provoquèrent des sécrétions abondantes dans les glandes. Au bout de trois heures, le lait s’était caillé ; au bout de vingt-trois heures, les grumeaux s’étaient dissous. Je plaçai alors les gouttes devenues claires sous le microscope et je ne pus rien découvrir que quelques globules d’huile. Par conséquent, la sécrétion dissout la caséine fraîche.

12. — Je plongeai, pendant dix-sept heures, deux fragments de feuilles chacun dans une drachme d’une solution de carbonate d’ammoniaque préparée à deux degrés différents ; l’une contenait 1 partie de carbonate pour 437 parties d’eau, et l’autre 1 partie de carbonate pour 218 parties d’eau. Après cette immersion, j’examinai les glandes des poils longs et courts ; leur contenu s’était agrégé en matière granuleuse affectant une teinte vert brunâtre. Mon fils vit ces masses granuleuses changer lentement de forme et, sans aucun doute, elles se composaient de protoplasma. L’agrégation était plus fortement prononcée et les mouvements du protoplasma plus rapides