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PINGUICULA VULGARIS.

d’une goutte d’une forte infusion de viande crue, de façon à imiter les ébats d’un insecte capturé ; mais cette partie du bord ne s’infléchit pas plus rapidement que les autres parties où se trouvaient des gouttes de solution que je ne troublai pas.

Les expériences précédentes nous apprennent que les bords des feuilles se recourbent en dedans quand elles sont excitées par la simple pression d’objets qui ne fournissent aucune matière soluble, par des objets qui fournissent ces matières et par quelques liquides, à savoir : une infusion de viande crue et une faible solution de carbonate d’ammoniaque. Une solution plus concentrée, contenant deux grains de ce sel pour 1 once d’eau, paralyse la feuille, bien qu’elle excite chez elle des sécrétions abondantes. Des gouttes d’eau ou des gouttes d’une solution de sucre ou de gomme ne produisent aucun mouvement chez les feuilles. J’ai chatouillé la surface d’une feuille pendant quelques minutes sans aucun résultat. Par conséquent, autant tout au moins que nous le savons jusqu’à présent, deux causes seules, c’est-à-dire une pression légère continue et l’absorption de matières azotées, provoquent un mouvement chez la feuille. Chez le Pinguicula ce sont les bords seuls de la feuille qui se recourbent, car le sommet ne s’incline jamais vers la base. Les pédicelles des poils glanduleux ne sont pas doués de la faculté du mouvement. J’ai observé, dans plusieurs occasions, que la surface de la feuille devient légèrement concave aux endroits où ont reposé pendant longtemps des morceaux de viande ou de grosses mouches, mais cet effet peut être dû à une sorte de maladie due à une stimulation excessive.

Le temps le plus court au bout duquel j’ai pu observer un mouvement bien prononcé a été de deux heures dix-sept minutes ; cela s’est produit seulement quand j’ai placé sur les feuilles des matières ou des liquides azotés.