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DIONÆA MUSCIPULA.

mousse humide sans terrain d’aucune sorte[1]. La figure 12 représente les deux lobes de la feuille avec sa tige foliacée. Ces deux lobes ne forment pas tout à fait entre eux un angle droit. Trois petits processus pointus ou filaments disposés triangulairement surmontent la surface supérieure de chacun de ces lobes ; toutefois, j’ai vu deux feuilles armées de 4 filaments de chaque côté et une autre qui n’en avait que deux. Ces filaments sont remarquables à cause de leur extrême sensibilité au moindre attouchement, sensibilité qui se traduit, non pas par un mouvement qui leur soit propre, mais par le mouvement des lobes. Le bord de la feuille se prolonge en saillies rigides pointues, que j’appellerai des poils, dans chacun desquels pénètre un faisceau de vaisseaux spiraux. Ces poils se trouvent placés en position telle que, quand les lobes se referment, ils entrent les uns dans les autres comme

    fait de la capture des insectes, Curtis a pressenti, comme Diderot, la digestion et l’absorption de leur corps.
    Il faut arriver à l’année 1868 pour trouver de nouvelles observations sur la Dionæa ; elles sont dues à M. Ganby, botaniste américain habitant Wilmington. Plaçant sur les feuilles de petits morceaux de viande de bœuf, il vit qu’ils avaient été complètement dissous et absorbés. La surface interne de la feuille, en s’ouvrant de nouveau, était complètement sèche et prête à prendre un autre repas. Il trouva que le fromage ne convenait pas aux feuilles, qu’elles devenaient noires et périssaient ensuite. Les vains efforts d’un Curculio pour s’échapper de sa prison lui prouvèrent que le liquide dissolvant est sécrété par la feuille et non le résultat de la décomposition du corps animal. Ce Curculio étant d’une nature énergique parvint à s’échapper en faisant un trou à la feuille ; le liquide sécrété s’écoula par le même orifice. (Notes on Dionæa muscipula Mechan’s Gardeners Monthly, 1868, p. 220.)
    À la réunion de l’Association britannique, en 1873, le Dr Burdon-Sanderson communiqua des expériences qu’il avait faites sur la contraction des feuilles de Dionæa. De même que pendant la contraction d’un muscle le pouvoir électromoteur disparaît, de même, sous l’influence de la contraction du protoplasma qui remplit les cellules de la feuille du Dionæa, ce pouvoir électromoteur est également suspendu. Telles sont les observations qui ont précédé celles de M. Ch. Darwin. Celles qui lui sont postérieures seront consignées dans les notes qui accompagnent cette traduction.

    Ch. M.

  1. Gardener’s Chronicle, 1874, p. 464.