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DROSERA INTERMEDIA.

gleterre. Elle ne diffère du Drosera anglica, en ce qui concerne les feuilles, que parce qu’elles sont plus petites, et que leur sommet est ordinairement un peu réfléchi. Le Drosera intermedia capture un grand nombre d’insectes. Toutes les causes que j’ai déjà citées provoquent l’inflexion des tentacules, puis vient l’agrégation du protoplasma et le mouvement des masses protoplasmatiques. En me servant d’une loupe, j’ai pu voir un tentacule qui commençait à s’infléchir, moins d’une minute après que j’avais placé un morceau de viande crue sur la glande. Le sommet de la feuille se recourbe pour embrasser un objet qui excite les glandes, comme nous venons de le voir chez le Drosera anglica. Les glandes déversent d’abondantes sécrétions acides sur les insectes capturés. Une feuille dont tous les tentacules avaient embrassé une mouche commença à se redresser au bout de trois jours environ.

Drosera capensis. — Cette espèce m’a été envoyée par le Dr Hooker. Les feuilles sont allongées, légèrement concaves au milieu, et se rétrécissent vers le sommet qui se termine en pointe grossière, et qui est quelque peu réfléchi. Ces feuilles sortent d’un axe presque ligneux, et leur plus grande particularité consiste en ce que leurs tiges foliacées vertes sont presque aussi larges et souvent plus longues que le limbe qui porte les glandes. Il est donc probable que cette espèce tire une plus grande partie de son alimentation de l’air, et, par conséquent, une moindre partie des insectes capturés que ne le font les autres espèces du genre. Néanmoins, le disque est couvert de tentacules très-rapprochés extrêmement nombreux ; les tentacules marginaux sont beaucoup plus longs que les tentacules centraux. Toutes les glandes ont la même forme ; la sécrétion est très-visqueuse et acide.

Le spécimen que j’ai examiné venait seulement de recouvrer la santé. C’est ce qui explique peut-être que les tentacules ont été animés de mouvements très-lents quand j’ai placé des parcelles de viande sur les glandes, et, aussi, que je ne suis jamais arrivé à provoquer un mouvement chez eux en chatouillant longtemps les glandes avec une aiguille. Je dois toutefois ajouter que, chez toutes les espèces de ce genre, ce dernier stimulant est le moins efficace. Je plaçai des parcelles de verre, de liège et de charbon sur les glandes de six tentacules ; un seul se mit en mouvement au bout de deux heures trente minutes. Toutefois, deux glandes se montrèrent extrêmement sensibles à de très-petites doses d’azotate d’ammoniaque, c’est-à-dire à environ 1/20e de minime d’une solution (1 partie de sel pour 5,250 parties d’eau), contenant seulement 1/115200e de grain (0,000562 de milligr.) de sel. Je plaçai des fragments de mouche sur le